Intervention de Pierre-Franck Chevet

Réunion du mardi 14 septembre 2021 à 17h30
Mission d'information sur la résilience nationale

Pierre-Franck Chevet, président de l'IFPEN :

La question pourrait être posée à mon successeur à la présidence de l'ASN, Bernard Doroszczuk. Mais mon mandat a été effectivement marqué par le post-Fukushima.

Le premier point qui m'a frappé c'est qu'il a été dit que c'était un problème japonais., tout comme Tchernobyl aurait été un problème soviétique. C'est effectivement un tsunami qui est la cause de l'accident, et ce n'est pas le risque majeur en France. Les réacteurs ne sont pas identiques. Les exploitants japonais beaucoup plus morcelés, n'ont pas la stature d'EDF. En conclusion, c'était un accident japonais.

Ce genre de discours m'a plutôt choqué. Nous avons pris le sujet à bras-le-corps. Le Japon a subi un accident majeur. La France pourrait en subir un autre. Dans une telle situation – un cœur qui n'est plus refroidi –, nous devons savoir agir.

Le raisonnement a été relativement basique : que faut-il pour refroidir le cœur lorsque l'on a perdu les sources de refroidissement ? ll faut pouvoir remettre de l'eau. Pour remettre de l'eau il faut accéder à une ressource en eau à l'extérieur, indépendant des ressources habituelles. Typiquement, un puits prépositionné dans la nappe phréatique ainsi que des pompes. Pour que ces pompes fonctionnent, il faut de l'électricité. Or, nous savons qu'en cas d'accident, nous n'avons en général plus d'électricité. Nous devons donc disposer de très gros générateurs qui fonctionnent aux hydrocarbures. Enfin, l'ensemble doit être protégé de tout. Les trois maillons que j'ai sommairement décrits, doivent pouvoir fonctionner en toute circonstance. Si ces installations disparaissent avec l'accident initial, elles ne servent à rien. C'est pourquoi l'ensemble doit être protégé par un bunker et sécurisé contre les agressions externes, malveillantes ou non. Tel est, à grands traits, le principe. Nous avons dû ensuite entrer dans le détail à grand renfort d'études. Il ne s'agissait pas de faire implanter de pseudo-améliorations de sûreté. Croire que l'on peut compter sur un back-up alors que celui-ci n'est pas efficace est nuisible à la sécurité.

Ce travail a pris du temps. Nous avons fait en sorte que ces modifications soient bien conçues et implémentées de manière rigoureuse, afin d'éviter toute fausse réponse. Mais j'ai quitté mes fonctions en novembre 2018, et ne puis vous donner davantage d'information sur la suite du déploiement.

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