Intervention de édouard Sauvage

Réunion du mercredi 15 septembre 2021 à 9h00
Mission d'information sur la résilience nationale

édouard Sauvage, directeur général adjoint chargé des activités infrastructures d'Engie :

Engie est un acteur très actif de l'hydrogène. Une stratégie claire vise à donner la priorité à l'hydrogène décarboné. L'immense majorité de l'hydrogène consommée dans le monde est faite par du vaporeformage de méthane et a donc un contenu carbone que le méthane utilisé directement. L'hydrogène est un carburant d'avenir qui n'a de sens que s'il est décarboné, d'où nos ambitions très fortes au travers d'un projet en partenariat avec TotalEnergies dans le sud de la France ainsi que dans des endroits où nous pensons obtenir de l'énergie renouvelable bon marché, tels que le Chili, où l'ensoleillement est très élevé, ou certaines régions du monde où le vent souffle quasiment sans interruption. Il est possible d'avoir de l'éolien à des prix très compétitifs si des trajectoires d'alizé sont visées – le Sud marocain, par exemple, ou le Brésil. L'éolien ainsi produit sans interruption permet de fabriquer de l'hydrogène décarboné.

De surcroît, la filiale d'Engie GRTgaz a un projet power to gas à Fos-sur-Mer en partenariat avec RTE. Au sein d'Engie, nous regrettons que certains opposent gaz et électricité qui sont totalement complémentaires. Une politique énergétique efficace en réduction de coûts en vue de réduire le CO₂ émis dans le pays ne peut pas se faire sans raisonner d'une manière globale. La deuxième source de production après le nucléaire est l'hydraulique, puis vient le gaz avec 4 gigawatts, bien plus que l'éolien ou le solaire. Lorsque l'on remplace une chaudière à gaz par un radiateur électrique, de facto, la consommation de gaz augmente, paradoxe qui n'est pas considéré. Les énergies fossiles sont en effet celles qui sont appelées à chaque fois que vous avez 1 kilowatt-heure de plus dans le système.

Une bonne politique énergétique consiste à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Il est essentiel de réfléchir à la totalité des solutions pour avoir un système résilient, et faire à la fois du photovoltaïque, de l'éolien onshore, de l'éolien offshore, de l'hydraulique et garder à l'esprit que nous aurons besoin de cycles combinés gaz en soutien.

D'autre part, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Certains affirment qu'il est nécessaire d'électrifier en premier lieu, puis s'interrogent sur l'électricité décarbonée, ce qui est une erreur à court terme et augmente les consommations. En 2014, la consommation de gaz pour la production d'électricité en France était de 41 térawatts-heure. Elle a atteint 77 térawatts-heure en 2020. Il y a une surconsommation de gaz pour produire de l'électricité. En outre, si le système électrique tombe, de nombreuses installations seront mises à mal. Il existe ainsi une interdépendance complète entre la résilience des systèmes électriques et d'autres systèmes qui ont cette vulnérabilité, bien que certains aient des back ups.

Il est donc important de raisonner dans une logique de sector coupling en cherchant une efficacité de cette interdépendance des deux systèmes.

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