Intervention de Xavier Piechaczyk

Réunion du mercredi 15 septembre 2021 à 10h30
Mission d'information sur la résilience nationale

Xavier Piechaczyk, président de Réseau de transport d'électricité (RTE) :

Les documents prospectifs de RTE sont technologiquement neutres. Nous ne prendrons jamais parti pour ou contre le nucléaire ou les énergies renouvelables. C'est un principe.

Vous avez évoqué le stockage du gaz. L'électricité est elle aussi stockable, mais cela est très coûteux. Pour autant, elle est produite en France. Les questions de souveraineté et de résilience au regard des chocs géopolitiques ne sont pas les mêmes pour le gaz et le pétrole.

Concernant les scénarios de consommation en 2050, le Gouvernement a élaboré en 2019 une stratégie nationale bas carbone prévoyant que la France se dispenserait du pétrole et de l'essentiel du gaz fossile en 2050. L'objectif est de nous retrouver avec deux grandes sources d'approvisionnement : l'électricité décarbonée, et les bio-énergies, d'autre part. C'est très important du point de vue de la souveraineté : en 2050, les Français consommeraient ainsi de l'énergie fabriquée presque totalement sur le territoire français. C'est loin d'être le cas aujourd'hui puisque le pétrole représente 40 % de la consommation d'énergie finale, le gaz fossile 25 %, l'électricité 25 % et le reste 10 %.

Le gain est donc considérable en matière de souveraineté. Par ailleurs, on peut considérer que les 650 térawatts-heure par an sont optimistes. Je n'émettrai aucun commentaire à ce propos ; je ne crois pas nécessairement ce que la SNBC prévoit. Notons que celle-ci retient l'hypothèse d'un gain de 40 % d'efficacité énergétique entre 2020 et 2050. Aujourd'hui, la France consomme à peu près 1 800 térawatts-heure d'énergie par an ; la SNBC prévoit un ordre de grandeur de 1 100 térawatts-heure en 2050, soit – 40 %, dont 650 térawatts-heure d'électricité décarbonée.

Nombreux sont ceux qui se demandent si cette proportion de 650 térawatts-heure est suffisante. C'est la raison pour laquelle, dans le bilan prévisionnel que nous préparons et dont les principaux enseignements devraient être rendus publics cet automne, nous avons retenu les 650 térawatts-heure comme une hypothèse. Nous avons construit d'autres scénarios de consommation, certains plus bas qui seraient des scénarios de sobriété, d'autres plus hauts qui seraient des scénarios de réindustrialisation du pays, ou encore des scénarios de très forte production d'hydrogène par électrolyse, ce qui nécessite beaucoup d'électricité.

Le travail prospectif que nous menons articule des scénarios de consommation jusqu'à 750 térawatts-heure en borne maximum et jusqu'à 550 térawatts-heure en borne minimum. Nous ne travaillons jamais sur un scénario unique, mais toujours sur des variantes qui s'articulent autour des 650 térawatts-heure.

Il est difficile d'affirmer que l'hypothèse de 650 térawatts-heure est faible. Vous avez évoqué l'électrification des usages. Mais les usages électriques gagnent en performance de manière considérable. Nous ne pouvons pas considérer que les équipements électriques actuels seront les mêmes dans trente ans. Dans tous les travaux que nous réalisons, nous intégrons la performance technologique qui génère des gains en consommation d'énergie.

Nous testons nos scénarios différenciés de consommation sur des mix différents, certains comportant du nouveau nucléaire, d'autres non en vue de les comparer. Nous n'avons pas une approche idéologique qui se centrerait de façon absolue sur les 650 térawatts-heure par an. Nous engagerons tous les tests de sensibilité permettant la tenue du débat au bon moment.

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