Intervention de Xavier Piechaczyk

Réunion du mercredi 15 septembre 2021 à 10h30
Mission d'information sur la résilience nationale

Xavier Piechaczyk, président de Réseau de transport d'électricité (RTE) :

Je ne me suis jamais posé la question depuis que je suis président de RTE, mais je ne crois pas que l'État ait le pouvoir de me révoquer. Cela peut être considéré comme un gage d'indépendance.

L'État n'est pas actionnaire de RTE, même si un représentant de l'agence des participations de l'État siège à notre conseil de surveillance.

La neutralité carbone reste un choix méthodologique. Lorsque nous travaillons sur des scénarios de consommation et de mix électrique, il est nécessaire de partir d'une référence. Le document de la SNBC de la France existe et est de surcroît de qualité. Nous ne le suivons pas pour autant de manière aveugle. Nous avons décortiqué la SNBC et l'avons légèrement redressée dans nos études, ce qui nous permet par la suite d'élaborer des scénarios de consommation à la baisse et à la hausse en écoutant tout le monde.

L'ensemble de nos travaux prospectifs fait l'objet d'une gigantesque concertation. Dans le cas d'espèce, le bilan prévisionnel que nous allons publier à l'automne fait suite à un an et demi de concertations avec l'ensemble des parties prenantes du secteur : des acteurs de l'énergie, des ONG, des syndicats, le Gouvernement, la CRE, l'ASN. L'ensemble des hypothèses retenues pour nos scénarios a donné lieu à un consensus. RTE ne décide pas seul, mais organise des concertations en vue d'aboutir à des consensus sur les différents types de scénarios de consommation.

Le produit de la concertation induit une sorte d'éventail entre les scénarios de forte sobriété, de l'ordre de 550 térawatts-heure, à des scénarios de forte réindustrialisation et de forte production d'hydrogène, à environ 750 térawatts-heures

Toutes ces hypothèses sont techniquement documentées ; les scénarios de consommation le sont avec des éléments sur la performance technique des appareils.

En outre, je ne voudrais pas que l'on puisse sous-entendre que la France consommerait énormément en 2050 alors que nous n'aurions pas un mix de production suffisamment bien dimensionné pour répondre à cette demande. Je rappelle que nous prenons en compte des scénarios de consommation et testons des mix électriques. Les modèles que nous faisons tourner garantissent au pays la sécurité d'approvisionnement.

Dans nos études, nous simulons l'ensemble du système électrique français et de nos dix-sept voisins européens à chaque heure de chaque jour et de chaque année pendant trente ans pour vérifier que les mix électriques que nous testons avec les scénarios de consommation garantissent la sécurité d'approvisionnement des Français. Un mix électrique qui comporterait énormément d'énergies renouvelables demanderait des flexibilités, beaucoup d'interconnexions, de stockage stationnaire ou par hydrogène ainsi qu'une grande flexibilité de consommation. Nous le dimensionnons, nous le chiffrons, raison pour laquelle nos bilans prévisionnels se traduisent en euros. L'exercice auquel nous nous livrons est bien un exercice d'équilibre d'offre, de demande et de sécurité d'approvisionnement. Nous répondons à la question suivante : quels sont les chemins possibles pour que la sécurité d'approvisionnement du pays soit garantie, que vous choisissiez de faire du nouveau nucléaire ou non ? Tout se dimensionne.

Il s'ensuit une question de choix politique et de modèle de société qui n'est pas de notre ressort. Par nature, nos études simulent le système électrique et dessinent des chemins empruntables qui garantissent la sécurité d'approvisionnement des Français. Nos modèles sont conçus de la sorte ; nous agissons en respectant les règles actuelles. Le directeur général de l'énergie et du climat, que vous avez entendu, a évoqué ce que nous nommons de manière impropre le critère de défaillance. Nous respectons ce critère de défaillance dans l'ensemble de nos études, même pour 2050. D'ailleurs, sans dévoiler de secret, nous comptons faire mieux que trois heures en 2050 et nous procéderons à des tests.

Bien évidemment, les relations entre une tutelle technique et un opérateur donnent lieu à des discussions. Des échanges ont lieu lorsque le Gouvernement élabore des documents techniques : il peut avoir besoin de prendre appui sur notre expertise. RTE met alors son expertise à disposition. Mais c'est le pouvoir exécutif qui décide.

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