Je suppose que la résilience du système énergétique s'entend au sens large. En France, rappelons que nous avons une focale très électrique qui sera amenée à se développer encore, ainsi que le prévoit la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Mais le gaz vert est également un élément important, avec des usages intéressants notamment en matière de mobilité où ils emportent de lourds enjeux. Le bioGNV, par exemple, fonctionne très bien, peut faire rouler des camions, les machines agricoles. Au regard de la décarbonation de certains secteurs, ces enjeux méritent d'être examinés.
La focale de la souveraineté énergétique est également intéressante. Nous sommes en mesure de produire un grand nombre de térawatts-heure de gaz vert sur le territoire national.
À la demande de l'État, l'ADEME opère un outil qui fonctionne très bien tout en étant très rentable : la chaleur renouvelable et de récupération. Ce vecteur énergétique représente 50 % de l'énergie que nous utilisons dans notre pays, la chaleur, que nous retrouvons dans les procédés industriels et agroalimentaires. C'est un véritable enjeu à terme, en particulier avec la biomasse dont nous avons besoin pour les réseaux de chaleur.
Ces réseaux ont l'avantage d'être réversibles en réseaux de froid. Or nous devons nous préparer à des vagues de chaleur importantes, peut-être plus longues qu'avant, dans un pays où la population vieillit. Le sujet regroupe donc de plus en plus une problématique de santé publique. En milieu urbain, cet outil permet de combattre les îlots de chaleur. Nous ne pourrons en effet pas être tous équipés de climatisation pour des questions d'acceptabilité, de bruit, de puissance électrique qu'il sera nécessaire d'aller chercher et, dans certains endroits, d'esthétique du bâti.
La résilience soulève également la question de l'adaptabilité du réseau français. Les capacités des EnR nous permettent d'augmenter cette résilience. Les points d'entrée seront élargis, ce qui demande des investissements et des ajustements. La capacité de notre réseau électrique à absorber ces changement est de plus en plus démontrée. Des investissements seront essentiels, notamment en ce qui concerne le raccordement de l'éolien en mer, dont les apports de puissances sont importants. Rien n'est inconnu en la matière, ces éléments sont budgétés. Restent les incertitudes liées aux aléas climatiques.
Les thématiques de la résilience sont donc identifiées. L'acception que j'ai de la résilience est très axée sur l'adaptation et le changement climatique, plus que sur la puissance. S'agissant des EnR, les travaux que nous avons conduits démontrent que notre réseau a une grande capacité d'absorption. Les investissements et les évolutions prévus en permettront davantage. À l'inverse, la demande locale de territorialisation de la production et de la consommation énergétiques est de plus en plus forte ; ce thème a été débattu dans le cadre de la loi « climat et résilience », sur la demande récurrente des régions. La résilience en lien avec la décentralisation est un sujet qu'il nous faudra aborder.