L'autoconsommation est un débat plus politique que technique. Le président de la commission de régulation de l'énergie était jusqu'à présent vent debout contre la notion d'autoconsommation, qu'il assimilait à une ghettoïsation de la problématique de l'énergie, seuls les plus riches pouvant s'offrir l'autoconsommation. La question de l'entretien et du coût des réseaux électrique et gazier, qui sont un actif commun de la nation, se pose également.
Je suis un peu plus mesuré sur ce sujet. En Belgique ou en Allemagne, nous assistons à des évolutions réglementaires intéressantes, en particulier pour l'autoconsommation collective, qui permettent d'agir dans des rayons géographiques plus larges. Ces pratiques aident certaines collectivités à rentabiliser des équipements, notamment des panneaux solaires installés sur des bâtiments publics.
Je suis plutôt favorable à l'autoconsommation pour peu que l'on trouve les moyens de péréquation et d'entretien du réseau, et en sachant qu'une part importante des personnes qui la pratiquent ne sont pas non plus en autarcie énergétique. Le fil de sécurité est bien assuré par le réseau collectif. Ces pratiques se développent et fonctionnent bien en écologie industrielle territoriale, notamment à l'échelle des zones d'aménagement concerté (ZAC). Elles viennent en complément de tout ce que nous essayons de promouvoir en matière d'économie circulaire. La demande est de surcroît de plus en plus forte, ne serait-ce que pour les bilans carbone des entreprises. La démarche tendant à démontrer que l'on est raccordé à une installation ou que l'on s'inscrit dans une logique d'approvisionnement énergétique par des producteurs d'énergie renouvelable se développe et est désormais mise en avant.
Les PPA – power purchase agreements –, qui sont des contrats d'achat direct d'électricité par un utilisateur, souvent un acteur économique, à un fournisseur, se développent. Dans l'optique de la décarbonation des filières, les grands donneurs d'ordre souhaitent de plus en plus avoir des informations sur l'approvisionnement ou l'empreinte carbone de leurs fournisseurs.
L'impact réglementaire est somme toute structurant et majeur dans ce débat. Techniquement, aucun problème ne se pose. La direction générale de l'énergie et du climat a cependant rehaussé ses projections de consommation électrique jusqu'à 750 térawatts-heure. De tels niveaux de demande électrique sont considérables.
Par conséquent, il nous faudra être rusés, multiplier les sources d'approvisionnement énergétique, nous asseoir également sur des productions plus locales en autoconsommation, pouvant être reprises à certains moments de la journée et renvoyées sur le réseau.
L'émergence de l'hydrogène a un effet de taille sur la thématique des EnR. De nombreuses recherches sont menées actuellement pour utiliser l'hydrogène comme vecteur de stockage des productions d'EnR. Dans les vingt prochaines années, il faudra compter avec cet élément dans la construction de la résilience de notre système énergétique.