La mission de la direction générale de l'alimentation (DGAL) consiste à assurer la sécurité sanitaire de l'alimentation, des intrants agricoles de la production primaire jusqu'à la remise du produit alimentaire au consommateur. En d'autres termes, elle a pour objectif de veiller à la qualité et de la sécurité des produits.
En revanche, la DGAL ne prend pas en charge l'organisation de la production et l'acheminement, qui relèvent d'une autre direction du ministère de l'agriculture, la direction générale de la performance environnementale et économique des entreprises (DGPE). Cependant, nous avons à cœur de faire en sorte que l'alimentation mise à la disposition des Français soit sûre, saine et qu'elle réponde à des objectifs de qualité.
Nos domaines d'interventions sont régaliens, en lien avec l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), qui est chargée de l'évaluation. Nous réalisons différents contrôles en production végétale et en production animale, ainsi qu'en production d'aliments pour l'homme ou pour l'animal.
Nous déployons également des politiques incitatives visant à orienter la production alimentaire vers des systèmes de qualité et à accompagner les transformations des modes de production vers l'agroécologie.
Nous cernons clairement le lien avec la crise sanitaire de la covid-19 : au-delà des questions d'ordre quantitatif liées à l'approvisionnement de la population, cette crise a généré certaines préoccupations en matière de maintien de la sécurité sanitaire et d'accessibilité de l'alimentation, notamment pour les personnes les plus fragiles. Cela a conduit à proposer, dans le cadre du plan de relance, différents dispositifs ayant pour objectif d'améliorer cette accessibilité et donc d'accroître la résilience au niveau des territoires en matière d'alimentation.
Ainsi, les circuits courts sont favorisés au travers les projets alimentaires territoriaux et d'autres types de projets tels que la mesure Alimentation locale et solidaire. Ces circuits courts sont destinés à servir les populations les plus précaires. Nous déployons une action forte à ce sujet, en collaboration avec le ministère des solidarités et de la santé et sa direction générale de la cohésion sociale (DGCS), afin de construire ces dispositifs.
Je centrerai mes propos sur les principaux enjeux auxquels nous devons faire face aujourd'hui. Ils ont été mis en exergue par la crise sanitaire, mais ils étaient déjà bien identifiés avant celle-ci.
L'environnement de production connaît de multiples modifications, en premier lieu le changement climatique, mais également une progression très importante des échanges internationaux, qui font peser autant de risques sanitaires sur nos productions.
Chaque année, nous recensons en moyenne 70 organismes nuisibles aux cultures sur le territoire européen, et certains d'entre eux peuvent générer des dégâts majeurs. Cette évolution nécessite de déployer des dispositifs de détection précoce, de surveillance et de réaction immédiate lorsqu'un danger sanitaire apparaît.
À titre d'exemple, la bactérie tueuse d'oliviers Xylella fastidiosa a fait des ravages dans les Pouilles en Italie et elle est également présente en Corse et dans le sud de la France. D'autres organismes nuisibles sont problématiques, tel le virus de la tomate ToBRFV, apparu en France en février 2020.
Dans le domaine animal, nous sommes désormais attentifs aux risques liés à la coexistence d'animaux sauvages et d'animaux domestiques et d'élevage. Ainsi, l'influenza aviaire est hautement pathogène. Cette maladie a généré d'importants ravages l'an dernier. Elle est à nouveau à nos portes et nous venons d'élever le niveau de risque associé de « négligeable » à « modéré » en France.
Il existe d'autres risques un peu plus éloignés, mais qui sont susceptibles, par l'action de l'homme, d'être présent du jour au lendemain sur notre sol. Cela est le cas de la peste porcine africaine (PPA), qui cause actuellement des ravages dans l'est de l'Europe. En Allemagne, il existe des foyers de PPA nécessitant une vigilance de tous les instants.
Notre préoccupation est de maintenir en permanence des dispositifs permettant d'anticiper les conséquences que pourrait avoir l'introduction d'organismes nuisibles ou de maladies de ce type sur nos productions. En effet, cela mettrait à mal certaines filières. Il est donc nécessaire de disposer constamment de dispositifs de détection précoce et de surveillance, ainsi que des plans d'action pour intervenir lorsque cela est nécessaire face à ces menaces.
Lors de la crise de la covid-19, il a fortement été question du concept One Health, « une seule santé », qui a vu le jour il y a une dizaine d'années. Jusqu'à l'an dernier, cette approche restait plutôt mal définie, mais quelques actions concrètes ont été engagées malgré tout au niveau international, notamment dans la lutte contre la rage ou celle contre l'antibiorésistance. Cela a permis la mise en œuvre de politiques publiques sur ces sujets en France et aussi au niveau européen.
Ces actions nécessitent une approche totalement intégrée des politiques de santé, du végétal jusqu'à l'homme en passant par l'animal, afin d'assurer la résilience la plus complète possible et d'anticiper autant que possible la survenue d'une menace.
Pour ce qui concerne le champ d'action de la DGAL, le risque principal relatif à l'approvisionnement alimentaire français porte précisément sur cette menace liée à des facteurs exogènes (virus, bactéries, champignons, insectes) pouvant générer des ravages. Notre rôle consiste à assurer, par nos dispositifs de surveillance et nos plans d'action, la réaction la plus précoce possible pour éviter leur dissémination sur notre sol.