Intervention de Michèle Rousseau

Réunion du mercredi 15 septembre 2021 à 15h30
Mission d'information sur la résilience nationale

Michèle Rousseau, présidente du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) :

S'agissant de l'état des eaux souterraines, selon les indicateurs quantitatifs mis en œuvre en application la directive-cadre sur l'eau, la situation s'est améliorée en 2019, par rapport au bilan précédent. Cependant, chaque année, des arrêtés « sécheresse » sont pris et cet état de fait récurrent témoigne de problèmes structurels en termes de quantité d'eau disponible au cours de l'été.

S'agissant des indicateurs qualitatifs, la situation est hétérogène : elle s'améliore pour les concentrations de nitrates et elle se dégrade pour celles de pesticides. Les agences régionales de santé (ARS) observent régulièrement de nombreuses fermetures de captages qui, dans 40 % des cas, sont liées à la dégradation de la qualité de l'eau.

Le BRGM s'efforce d'améliorer les prévisions saisonnières sur l'état des nappes souterraines. Selon les caractéristiques du sous-sol, il est capable de prévoir le niveau de la nappe dans les trois ou six mois à venir.

Nous cherchons par ailleurs à améliorer notre compréhension des nappes souterraines et de leurs interactions avec les eaux superficielles, ainsi qu'avec les eaux marines afin d'éviter les intrusions d'eau saline.

En cas d'intrusion d'eau saline du fait d'un pompage trop important, la situation peut être irréversible, car le sel marin est stocké dans le sous-sol et il n'est pas possible de l'en extraire.

Sur le long terme, le BRGM participe aux travaux menés pour estimer la baisse de la recharge en eau en raison de la modification du climat. Les modèles du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), couplés avec les modèles hydrogéologiques, anticipent une baisse de la recharge d'eau de 10 à 25 %. Cette diminution est plus accentuée dans certaines zones, avec notamment une baisse de 20 à 30 % dans une grande partie du bassin de la Loire et de 30 à 50 % dans le bassin du sud-ouest.

Le BRGM participe également aux études sur la recharge artificielle des nappes qui pourrait s'opérer par des méthodes faiblement intrusives ou « douces » (infiltration en zone humide, forages). Ces techniques devraient faire partie des mesures d'adaptation au changement climatique.

S'agissant de la qualité de l'eau, nous faisons face à un très grand nombre de polluants chimiques et nous connaissons seulement une partie d'entre eux. Une coopération très étroite doit s'établir entre l'administration centrale représentée par M. Olivier Thibault et l'opérateur du BRGM pour cibler les molécules dont la mesure devrait être améliorée. Il nous faut aussi nous saisir de la question des polluants émergents, qui commence à peine à être traitée.

Pour conclure, la situation relative aux eaux souterraines n'est pas dramatique en France comme elle peut l'être en Australie ou en Californie. En effet, nous ne subissons pas de coupures de l'approvisionnement en eau et les nappes phréatiques sont encore chargées. Nous devons entreprendre des travaux qui nous permettront de maintenir cette situation dans les prochaines décennies.

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