La FNCCR est une association de collectivités territoriales spécialisée dans les services publics locaux en réseau, en charge notamment des services d'eau et d'assainissement. Nous travaillons également beaucoup sur la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI).
Il existe une prise de conscience générale, au sein de la société, au sujet du dérèglement climatique et de ses conséquences, que partagent aussi les collectivités. Certains événements contribuent à cette prise de conscience. Ainsi, dans le Massif central, l'Allier a toujours représenté un véritable « château d'eau » depuis des siècles, voire des millénaires. Or, nous avons observé ces dernières années plusieurs ruptures de l'alimentation en eau. Il n'y a cependant pas eu d'interruption du service, car des solutions palliatives ont été mises en place en installant des tuyaux en catastrophe et en alimentant certains châteaux d'eau par camions.
Dans le Pas-de-Calais, des châteaux d'eau ont été également alimentés par camions, ce qui n'était jamais arrivé.
Il est important d'objectiver ces constats et ces perspectives sur la base de prélèvements et de modèles. Mme Michèle Rousseau et M. Olivier Thibault ont évoqué les enjeux d'une amélioration de nos connaissances et de leur diffusion aussi bien auprès des experts et des collectivités que de l'ensemble des usagers.
Le deuxième point que je souhaite souligner porte sur le dépassement de la vague conscience des problèmes que chacun peut avoir, au profit de l'action et de la recherche active de solutions.
Ces solutions reposent sur la réduction des consommations d'eau, la modification des pratiques agricoles et le renoncement au caractère imperméable des villes. Ces changements exigent des solutions techniques passant par de nouvelles infrastructures, ainsi que la déconstruction de certaines de structures existantes, ou « désinfrastructure ». Il faut aussi, plus globalement, susciter la conscience de l'urgence et l'envie d'agir chez les différentes parties prenantes.
Le troisième point porte sur les questions de gouvernance. Il est clair qu'il existe des enjeux de taille critique. Cela a été observé à l'occasion de la tempête Alex qui a sévi dans la région niçoise il y a près d'un an. La métropole niçoise a été en capacité, avec sa régie Eau d'Azur, de mobiliser des hélicoptères dans les heures qui ont suivi la tempête et de mettre à disposition 70 000 bouteilles d'eau le premier soir dans les villages. Les équipes chargées de la voierie et des travaux publics ont été par ailleurs mobilisées. Trois semaines plus tard, toutes les maisons qui avaient été épargnées par la tempête étaient réalimentées en eau et deux mois plus tard, l'assainissement était rétabli avec des ouvrages temporaires.
Il est certain que les petites collectivités confrontées à des situations de même nature ne disposent pas des capacités d'ingénierie, de maîtrise d'ouvrage ni des moyens financiers requis pour anticiper ce type de phénomène climatique et répondre à l'urgence.
Ce constat met en lumière les enjeux de la solidarité territoriale, que la FNCCR a pour mission de promouvoir Il ne s'agit pas seulement de flux financiers, mais aussi par exemple du partage des capacités en termes de maîtrise d'ouvrage.
Le dernier point que je souhaite mettre en avant porte sur la nécessité de protéger la ressource par la reconquête de la qualité de l'eau. Au-delà des catastrophes naturelles, il existe des pollutions diffuses pour lesquelles des progrès doivent être réalisés. En effet, la solution ne pourra pas résulter uniquement du traitement des eaux. Il existe de nouvelles molécules et nous ne pouvons pas continuer à être toujours en retard par rapport à l'apparition d'un nouveau polluant, d'où la nécessité de travailler sur la qualité de la ressource.
Cela exige de revoir les modèles agricoles, l'usage des produits phytosanitaires et les autorisations de mise sur le marché. Certaines pollutions sont cependant autant de legs durables de l'histoire, impliquant des molécules persistantes, à l'image du chlordécone qui continuera de polluer les nappes phréatiques de Martinique et de Guadeloupe durant plusieurs centaines d'années, alors même que ce pesticide n'est plus utilisé.
Bien que le traitement des eaux soit nécessaire, nous ne devons pas y consacrer l'ensemble de nos ressources, car il représente une forme d'échec témoignant d'une protection insuffisante de la ressource.