L'ANIA rassemble 30 syndicats de métiers et 17 associations régionales représentatives des 15 000 entreprises alimentaires maillant le territoire français. Nous représentons le premier secteur industriel en France en termes de chiffre d'affaires – 196 milliards d'euros – et d'employés – plus de 400 000 personnes.
Les entreprises agroalimentaires jouent un rôle clé dans l'aménagement du territoire. Elles transforment 70 % de la matière première agricole française ; par ailleurs, 90 % de leurs produits consommés en France ont été fabriqués dans notre pays. Aussi l'implantation sur les territoires et les relations avec le monde agricole sont-elles vraiment dans l'ADN de notre secteur.
L'ampleur de la crise sanitaire n'avait été anticipée par personne, industries agroalimentaires, citoyens, consommateurs ou administrations.
En mars 2020, au début du confinement, nous avons reçu deux missions du Président de la République : protéger les salariés et continuer à approvisionner les Français. Sur ce dernier point, nous pouvons nous féliciter collectivement, car nous sommes parvenus à continuer à nourrir les Français grâce à une solidarité exceptionnelle dans la chaîne alimentaire.
Certes, quelques pénuries ponctuelles sont survenues dans certains magasins, sur certaines catégories de produits spécifiques (pâtes, légumes en conserve). Ces situations ont été générées par le comportement de consommateurs qui constituaient des stocks de produits, parfois pour un an et demi ! Mais cela n'était pas représentatif de la consommation habituelle. Même au plus fort de la crise, nous avons réussi à éviter les pénuries alimentaires.
Cependant, avec cette crise sanitaire, nous avons tout de même constaté trois points de fragilité sur la chaîne alimentaire.
Premièrement, le maintien de l'approvisionnement a été obtenu au prix de sacrifices humains importants : sur toute la chaîne alimentaire, des salariés ont accepté très rapidement de travailler en équipes de trois fois huit, sept jours sur sept, week-ends compris, pour compenser des situations de chômage partiel, d'absentéisme et de travailleurs détachés ne pouvant plus venir en France.
Le deuxième point de fragilité concerne l'interdépendance primordiale entre tous les maillons de la chaîne alimentaire. De fait, au-delà des aspects liés à la transformation des produits, nous ne pouvons pas approvisionner les Français sans les agriculteurs, la distribution, le transport et la logistique.
Nous avons bénéficié d'une mobilisation exceptionnelle de la part de tous les acteurs de cette chaîne alimentaire, mais cette exception recouvre une fragilité : en effet, si l'un des maillons de la chaîne était mis à mal, l'approvisionnement des Français serait menacé. Par conséquent, il faut réfléchir à la manière dont nous pouvons assurer la fluidité des rapports entre tous les maillons de la chaîne en cas de crise.
Le troisième point de fragilité porte sur la dépendance à certains flux d'approvisionnement d'intrants – emballages, stocks d'énergie, matières premières –. Ce fait est très visible dans cette période de reprise, avec les difficultés que l'on connaît sur le fret maritime, sur la disponibilité de certaines matières et de certains emballages. Et encore, notre secteur est l'un des plus autonomes s'agissant des approvisionnements.