Intervention de Alexis Gibergues

Réunion du vendredi 17 septembre 2021 à 9h30
Mission d'information sur la résilience nationale

Alexis Gibergues, secrétaire général de l'organisation des transports routiers européens (OTRE) :

. Le sujet du pavillon français est un sujet central pour l'OTRE. Il y a vingt-cinq ans, la France était première en Europe, mais nous sommes désormais relégués loin derrière pour des raisons simples liées à l'ouverture du marché européen. La question de l'indépendance stratégique du pavillon français soulève deux types de questions : économiques et réglementaires.

Sur le plan économique, tout d'abord, nos entreprises ne peuvent pas concurrencer de manière loyale les autres opérateurs européens car les coûts de ces derniers sont sensiblement inférieurs, qu'il s'agisse du coût de la main d'œuvre, du coût du carburant ou de la taxation qui n'est pas harmonisée à travers l'Europe. Dans un marché ouvert, cette différence économique a pour conséquence mécanique d'appauvrir notre secteur. Cette concurrence serait loyale s'il existait une harmonisation européenne et si les contrôles effectués en France permettaient de déceler les fraudes – cabotage, découché, etc.

Sur le plan réglementaire, nous sommes très attentifs aux conditions dans lesquelles le paquet Mobilité sera transposé en droit français car il doit permettre d'instaurer une concurrence loyale et de détecter les tricheurs. Sans prendre de mesures protectionnistes, qui seraient de toute façon difficiles à mettre en place sur le plan européen, l'effectivité de ces mesures nous semble nécessaire pour que la concurrence soit loyale dans un marché ouvert, sur la base d'un protectionnisme légal passant par la simple application du droit.

Pour protéger le pavillon français, une piste serait aussi de flécher des investissements et des crédits d'innovation vers notre secteur. Nous sommes certes un secteur de l'ancienne économie mais aussi un secteur porteur d'emplois et de croissance. À ce titre, nous pouvons aussi participer à la nouvelle économie. Pourquoi promouvoir des start-ups avec des fonds importants alors que nous sommes déjà dotés d'outils, de personnel, d'infrastructures, de savoir-faire et que nous sommes aptes à développer un secteur compétitif et l'emploi en France ? Avec le concours des pouvoirs publics, la reconnaissance du caractère stratégique de notre secteur, le fléchage des investissements et des subventions peuvent réellement doter notre secteur d'un potentiel de croissance important pour arriver à un « Waze de la gestion de crise » apte à fournir des solutions en fonction de chaque scénario de crise – d'un éboulement local jusqu'à une crise systémique mondiale. Nous devons aussi être plus agiles dans les relations avec l'État et dans la gestion de nos données. Tout cela n'est pas au point aujourd'hui. Si nous ne nous attaquons pas au sujet dès aujourd'hui, nous ne pourrons que compter sur la résilience de nos petites entreprises, sans pouvoir nous appuyer sur un système plus large, mieux intégré et mieux organisé pour répondre à une crise majeure qui interviendra nécessairement dans les dix ou vingt ans à venir.

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