Votre audition vient clore un cycle déjà nourri d'échanges avec les représentants de la commission de régulation de l'énergie (CRE), d'Enedis, de RTE, d'Engie, des industriels pétroliers et gaziers et des instituts de recherche comme l'IFP-Énergies nouvelles (IFPEN). L'électricité ne pouvant pas être stockée en grande quantité, il nous faut être extrêmement attentifs à tout ce qui permet de garantir la continuité de l'alimentation électrique de notre pays en tout temps et en tout lieu. Nous mesurons donc bien la chance que nous avons de disposer d'une filière nucléaire complète pour assurer notre indépendance, pour des questions de transition énergétique mais aussi pour des questions de résilience.
Nous rencontrons toutefois des difficultés à mesurer les quantités de production pilotable dont nous avons besoin pour être en mesure d'équilibrer production et consommation. La crise a été surmontée et nous remercions EDF d'avoir pris les mesures pour la passer dans les meilleures conditions, mais elle a mis en avant des fragilités, et ce alors même que la France aurait pu connaître un hiver plus rigoureux. Ces fragilités sont souvent expliquées comme une conséquence de l'impact de la crise sanitaire sur les taux de disponibilité des centrales, alors que l'on pourrait aussi avancer l'explication de la baisse des capacités pilotables. En effet, des capacités thermiques ont été fermées. Nous pourrions également citer les deux gigawatts de Fessenheim. De plus, alors que la France n'a comptabilisé que dix-huit journées avec un solde importateur en 2019, ce solde est aujourd'hui de 43 journées. Par rapport à nos besoins, la marge devient de plus en plus étroite. Sans les interconnexions internationales, nous pourrions même être en grande difficulté.
Partagez-vous aussi cette inquiétude ? Quelle est la marge en gigawatts dont nous disposons encore en termes de capacités pilotables ? Par ailleurs, quel potentiel représentent les contrats de délestage qui sont signés avec les grands industriels ?