Il est certes difficile de prédire l'avenir mais nous alimentons avec nos propres scénarios la direction générale de l'énergie et du climat et RTE et nous pensons que la consommation d'électricité affichera une forte croissance d'ici 2035, 2040 comme 2050. Certes, des efforts importants sont fournis en matière d'efficacité des systèmes énergétiques et électriques et ces efforts portent leurs fruits. D'ailleurs l'intensité électrique de la production française a eu tendance à stagner, voire à diminuer légèrement ces dernières années. Néanmoins, nous sommes à la veille de bouleversements d'une telle ampleur, dans le domaine du transport et dans le domaine du chauffage, en particulier, que nous pensons qu'il y aura une forte croissance dans les trente ans à venir. De ce point de vue, nous pouvons considérer que les études menées il y a deux ou trois ans, et reprises dans la SNBC, correspondent à une fourchette basse, voire très basse du scénario le plus probable. Si nous voulons ne pas prendre de risque, il me semble qu'il faudrait étudier le positionnement médian de la consommation française à un niveau plus élevé que celui retenu dans la SNBC.
De surcroît, depuis la préparation de la stratégie nationale bas carbone, deux grands phénomènes sont venus à l'agenda alors qu'ils étaient à peine émergents au moment de l'élaboration de cette stratégie. Le premier est que la crise sanitaire a créé un grand mouvement de réindustrialisation. Or, la consommation d'électricité en France a stagné au cours des dernières années parce que notre pays a connu une désindustrialisation. Le deuxième phénomène est celui de l'hydrogène. Je me garderais bien de jouer les Cassandre et de projeter les besoins en hydrogène à un horizon lointain, alors même que la courbe d'apprentissage sur l'hydrogène bas carbone est à peine en train de se dessiner, mais si l'hydrogène doit être un des vecteurs essentiels de la transition énergétique, alors nous aurons aussi besoin de beaucoup d'électricité. En tant que membre du Conseil national de l'hydrogène et en tant que co-président du conseil européen formé par la Commission de l'hydrogène, j'entends une certaine inquiétude quant aux besoins en électricité qui naissent de l'économie émergente de l'hydrogène bas carbone. Ces besoins seraient sous-estimés alors qu'ils n'étaient pas aussi flagrants au moment de l'élaboration de la Stratégie nationale bas carbone. Cependant, c'est à RTE et à l'État de fixer ces objectifs.