Intervention de Rodolphe Belmer

Réunion du mercredi 22 septembre 2021 à 17h30
Mission d'information sur la résilience nationale

Rodolphe Belmer, directeur général d'Eutelsat :

Je ne peux que souscrire aux propos précédents, même si je souhaiterais apporter un point de vue différent fondé sur les considérations économiques. Nous achetons 93 % de nos satellites à l'industrie française, à Airbus ou à Thales Alenia Space. En revanche, nous n'achetons que 55 % de nos lancements à Ariane, dans la mesure où nous raisonnons avec une considération d'accès à l'espace. Nous avons en effet besoin d'assurer une diversité de lanceurs pour garantir à chaque instant une option de lancement disponible, de sorte que nos satellites puissent assurer leur mission à nos clients.

Nous soutenons bien évidemment Ariane 6, puisque nous pensons que l'Europe a besoin d'un lanceur lourd compétitif en termes de performance et de prix. Néanmoins, nous sommes quelque peu inquiets de la compétitivité économique des solutions européennes. En effet, les activités de lancement génèrent d'importants coûts fixes, ce qui signifie que le volume annuel de lancements est absolument déterminant pour le prix final du service de lancement. Les acteurs américains intégrés comme SpaceX ou Blue Origin ont compris que l'espace basculait d'une ère industrielle à faibles volumes à une ère industrielle de petites séries, et que les lanceurs devaient produire beaucoup de volume. En lançant deux fois par mois, SpaceX parvient à produire à des coûts relativement maîtrisés. De même, Blue Origin parvient à proposer des prix très compétitifs. De fait, avec les volumes aujourd'hui concédés par les lancements institutionnels, comment Arianespace peut-il durablement afficher une compétitivité prix nous permettant de continuer à l'utiliser autant qu'aujourd'hui ? Nous sommes évidemment très déterminés dans notre soutien à l'industrie européenne, mais nous nous devons d'amener ce sujet sur la table, car l'industrie spatiale européenne – y compris dans les lancements – a besoin d'entrer dans l'ère du volume et de la production de masse pour enregistrer des gains de productivité qui rejailliront sur la compétitivité des opérateurs positionnés au bout de la chaîne de valeur.

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