L'IRSN s'occupe de sûreté nucléaire, de sécurité nucléaire, c'est-à-dire de la partie technique en cas d'actes de malveillance, et de la protection contre les rayonnements ionisants. Pour répondre à votre question, nous ne gérons pas le risque électrique extérieur, nous le prenons comme une donnée d'entrée en tant que condition limite. Les opérateurs, en particulier EDF, doivent en effet intégrer le fait qu'il pourrait y avoir une interruption de réseau généralisée (IRG). Les installations doivent donc être suffisamment robustes. L'un des risques qui avaient été identifiés lors du passage à l'an 2000 était un effondrement du réseau, et l'on s'était alors posé la question des moyens de renforcement de la résistance à ce risque. Lorsque les réacteurs nucléaires sont connectés par deux lignes extérieures de respectivement 440 et 225 kilovolts, si les deux s'interrompent, la première chose que fait le réacteur, c'est d'essayer de fonctionner sur sa propre production. Cette opération ne fonctionne pas à chaque fois. Dans ce cas, s'opère un basculement sur une alimentation diesel. La fiabilité de l'ensemble de ces étapes est donc à prendre en compte.
Lors du passage à l'an 2000, ainsi qu'au cours de l'hiver dernier, nous nous sommes assurés que le passage au diesel fonctionnait bien et que nous disposions de suffisamment de fioul. Les réacteurs français ont en effet une spécificité, dans la mesure où la production d'électricité nucléaire du pays est importante en proportion – environ 80 %. La plupart des réacteurs étrangers fonctionnent en base, c'est-à-dire de manière permanente, l'adaptation à la demande se faisant par d'autres moyens de production. En France, la production de l'électricité nucléaire ne peut pas se contenter d'être en base, ce qui se traduit par un suivi de charge et soulève des questions de sûreté spécifiques. Lors du passage à l'an 2000, il avait fallu demander à EDF de ne pas effectuer de suivi de charge pendant cette période.