Si vous disposez d'éléments nous permettant de bien mesurer le niveau de résilience de notre pays face à l'indisponibilité de pétrole, par exemple, ne serait-ce que parce que les routes sont coupées, il serait intéressant que vous nous les transmettiez.
Ma deuxième série de questions porte sur l'anticipation stratégique. Un élément me rassure et m'inquiète tout à la fois : le fait que les autorités en charge de la sûreté et vous-même nous affirmiez que les retours d'expérience de plusieurs catastrophes ont été pris en compte. Cela montre en effet que la survenue d'incidents joue un rôle nécessaire dans la découverte mais, d'un autre côté, cela met en défaut nos capacités d'anticipation stratégique.
Dans le monde de la défense, au contact duquel je travaille avec Mme Carole Bureau-Bonnard, on craint également la surprise stratégique. Le ministère des armées a mis en place ce que l'on appelle une red team, composée de personnes hors système – sociologues, psychologues, futurologues – qui assistent les opérationnels dans leur anticipation de scénarios qui n'auraient pas été envisagés. Cela rejoint la recommandation du rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la sûreté nucléaire, suivant laquelle la lutte contre les risques d'endogamie de l'expertise implique la présence d'experts non institutionnels au sein d'organismes comme l'IRSN. Cette recommandation est-elle mise en œuvre ?