L'approche statistique simple ne suffit pas à évaluer des phénomènes extrêmes, malgré la présence d'un historien à la CCR qui cherche à tirer des enseignements du passé. Nous avons développé depuis quinze ans un modèle de simulation des phénomènes climatiques alimenté par les données fournies par Météo France. Nous simulons par exemple le comportement de l'atmosphère, le ruissellement de l'eau ou le débit des rivières et fleuves, avec une maille de vingt-cinq mètres sur vingt-cinq mètres à l'échelle du territoire. Après un phénomène climatique important, nous pouvons donc anticiper l'ampleur du phénomène d'inondation ou de ruissellement. Nous croisons ces données avec l'imagerie satellitaire pour vérifier la marge d'erreur du modèle et apportons les corrections nécessaires, avant de comparer ce résultat avec la liste des valeurs assurées fournies par les assureurs pour anticiper le coût. Nous avons ainsi pu avancer en 2016 et 2018 avec une précision satisfaisante un chiffre en pourcentage des coûts des crues de la Seine. Nous disposons également d'une vision plus prospective sur les effets du changement climatique. En collaboration avec Météo France et la start-up spécialisée dans la modélisation fine des phénomènes climatiques RiskWeatherTech, nous avons réalisé une étude qui anticipe l'évolution des catastrophes naturelles et leur coût dans le temps en lien avec le changement climatique. Ce modèle fait émerger des risques aujourd'hui très faibles, comme la submersion marine, qui pourraient causer davantage de dommages du fait de l'élévation du niveau de la mer. La température de l'eau en surface augmentant, les orages cévenols seront plus fréquents et concerneront une plus grande superficie. Des ouragans méditerranéens appelés « médicanes » constitueront également de nouveaux phénomènes.
Une autre approche consiste à transposer dans un lieu donné un événement extrême survenu ailleurs et à s'interroger sur les coûts qu'il impliquerait. Nous avons simulé le coût d'un tremblement de terre de magnitude 6 ou 7 sur la ville de Nice, et celui d'un cyclone à La Réunion selon son angle d'attaque et le point de l'île où frapperait le cœur.
Notre ambition est de soutenir le ministère de la transition écologique et les collectivités locales pour les aider à mieux définir leur politique de prévention des risques naturels. Nous avons réalisé une étude sur l'exposition des gares aux phénomènes de ruissellement, en simulant sur une maille inférieure à vingt-cinq mètres les effets d'orages violents sur les infrastructures de la SNCF. La modélisation améliore l'efficacité et la pertinence des politiques de prévention.
L'assurance dommages n'est pas obligatoire pour les particuliers et les entreprises, contrairement à l'extension catastrophe naturelle, obligatoire lorsque vous vous assurez. Toutefois, le bureau central de tarification (BCT) reste compétent pour offrir une solution d'assurance à une personne qui ne trouverait pas d'assureur pour couvrir son risque parce qu'elle serait située dans une zone touchée de manière répétée par des catastrophes naturelles. Les interventions du BCT sont très rares en la matière, mais pourraient s'étendre dans le futur.
En amont, le fonds Barnier mobilise chaque année des sommes substantielles pour procéder aux expropriations et aux rachats de terrains dans les zones les plus exposées au risque et où le risque de non-assurance pourrait se matérialiser.