Intervention de Thierry Liscia

Réunion du vendredi 15 octobre 2021 à 10h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Thierry Liscia, psychologue clinicien :

L'état de stress post-traumatique est subjectif. Deux personnes exposées à un même événement ne réagiront pas de la même manière. Le TSPT est un état biophysiologique de stress, mais sa définition est limitée par l'absence des troubles associés dont on a déjà parlé. Finalement, ce qui est le plus important, c'est de considérer la possibilité pour les personnes de développer certains troubles. Et puisque vous évoquiez le fait d'être confronté à un nouvel environnement, à de nouvelles conditions de vie, le confinement nous a malheureusement apporté des exemples de ce qui pouvait se produire en termes de santé mentale pour les Français. Nous avons assisté à un accroissement très important des addictions, des violences intra-familiales, notamment contre les femmes, et des suicides, en particulier chez les jeunes. Le confinement nous rappelle donc que, malheureusement, la confrontation à un nouvel environnement de vie peut avoir des conséquences en termes de troubles mentaux, même si le fait générateur ne peut pas vraiment être considéré comme traumatisant.

Pour prévenir les blessures psychiques liées à une crise, je vois trois maîtres mots. Il s'agit tout d'abord de la communication, notamment pour éviter l'émergence de théories du complot. Il s'agit ensuite de donner aux personnes un sentiment de sécurité. Enfin, il s'agit d'assurer une présence ; c'est notamment la mission des CUMP, dont les intervenants font parfois seulement acte de présence, sans forcer les victimes à parler si elles ne le peuvent pas ou ne le souhaitent pas. Cette manifestation de présence aide les personnes à se reconnecter avec elles-mêmes.

Je pense qu'une préparation cognitive en amont peut renforcer les capacités de résilience. J'ai personnellement effectué une formation de préparation aux prises d'otages que j'ai trouvée bénéfique. Je pense que l'on peut communiquer sur ces sujets à condition de prendre soin de montrer que, si le risque est bien réel, on se donne les moyens de pouvoir lui faire face.

Peut-être sommes-nous effectivement confrontés à des événements de vie moins violents qu'autrefois, ce qui diminuerait notre résilience. Mais nous avons aussi à notre disposition des outils technologiques qui peuvent nous aider. Pour avoir vécu l'explosion du port de Beyrouth, je peux vous affirmer qu'on est loin d'imaginer combien la solidarité, à travers WhatsApp par exemple, a pu être utile aux personnes, qui se sont senties moins isolées et mieux prises en charge.

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