Je souhaite apporter une petite nuance aux propos du professeur Eustache. Personnellement, je vois encore en consultation des victimes du 13 novembre, dont certaines ont pour seule demande d'être oubliées. Nous nous adressons à des individus. Certains ont besoin d'être appuyés par cette mémoire collective, mais d'autres aspirent surtout à ce qu'on cesse de les interroger sur ce qu'ils ont vécu ou sur le procès. Chacun réagit différemment et il faut être en mesure de s'y adapter.
Personnellement, je ne pense pas être capable de répondre à la question que vous posez sur la résilience collective. Il me semble qu'il s'agit d'une problématique sociologique, plus que psychiatrique. La résilience est plutôt une faculté individuelle, qui a été étudiée dès la fin des années 1970 aux États-Unis et en Angleterre chez des enfants, ce qui implique aussi une dimension développementale.
Je ne pense pas que la préparation ou l'anticipation des catastrophes présente un risque. Au contraire, cela me semble très important. Toutes les études qui se sont intéressées au sujet indiquent que l'information préalable sur les conséquences des événements est un facteur de protection contre les différentes pathologies post-traumatiques. Donc plus on informe, plus on se prépare à affronter ce type de situations, de façon raisonnée bien sûr, et mieux c'est. Cette démarche est à encourager.