Intervention de Alain Thirion

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 15h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Alain Thirion :

Les réponses à ce sondage sont curieuses. Nous pouvons penser à toute une panoplie de risques naturels, sans même évoquer les risques encourus dans les outre-mer – pensons aux ouragans ou aux éruptions volcaniques telles que celle de 1902 à la Martinique, qui a causé la mort de 20 000 personnes. Il est étrange de ne pas retrouver les risques naturels concrets qui se matérialisent chaque année, comme les inondations ou les incendies. Les risques industriels ne sont pas évoqués non plus. Or, il existe des risques industriels importants, notamment dans les vallées du Rhône, de la Loire et de la Seine. Le risque nucléaire est également important, d'autant qu'un accident dans une centrale peut se propager à d'autres installations. Ainsi, lors de la catastrophe de Lubrizol, nous craignions que les installations situées à proximité ne subissent également les conséquences de l'incendie. Le risque industriel est réel, il est lié à l'activité. Il ne s'agit pas uniquement d'un risque de pollution. La menace peut également concerner la qualité de l'air. Et le risque sanitaire n'est pas mentionné dans ce sondage. La crise liée du covid-19, par son ampleur, sa durée et son impact sur toute la société, impose des réponses adaptées à l'échelle à laquelle se déploie la menace.

S'agissant d'une crise financière ou d'une crise causée par l'arrivée de migrants, je ne suis pas le bon interlocuteur, bien que nous répondions présents, au titre de la sécurité civile, quelle que soit la nature de la menace : en réponse à la situation en Afghanistan, nous avons dû procéder au rapatriement de plusieurs milliers de personnes, à leur accueil et à leur prise en charge.

Selon moi, le risque le plus élevé résulte de l'intensification des risques naturels. Il ne s'agit pas de risques nouveaux, mais de phénomènes qui se font plus intenses et plus éprouvantes. Nous devons prendre en compte la nouvelle dimension de ces risques. C'est le cas des « méga-feux » qui n'existaient pas auparavant. La campagne contre les incendies commence désormais en juin et se termine en octobre. Plusieurs centaines de milliers d'hectares sont touchés. Ces phénomènes ouvrent la question d'une organisation plus exigeante en matière de débroussaillage ou de gestion des stocks d'eau. Nous pourrions également faire face à des risques industriels amplifiés par le vieillissement de certains outils, ainsi qu'à des menaces hybrides consistant à utiliser dans une intention malveillante les risques auxquels nous sommes confrontés. Par exemple, lors d'une intervention sur des équipements d'EDF ou d'Engie ne présentant pas de risque particulier, un incendie volontaire ou la diffusion de fausses informations pourrait déstabiliser le fonctionnement d'installations sensibles. Il s'agit alors de risque industriel, mais pas uniquement. La qualité de la coopération avec les services de police et de gendarmerie doit contribuer à la réduction de ces risques hybrides.

Le risque sanitaire existe également, avec ses particularités. La crise du covid-19 a été riche d'enseignements. Nous avons subi un phénomène que nous ne connaissions pas, qui s'est prolongé dans le temps et a touché l'ensemble des territoires et de la société. Cette échelle qui ne correspond plus à la gestion de crise, mais à la gestion de guerre, c'est-à-dire à la nécessité pour l'ensemble des acteurs de s'adapter et de prendre en compte la nature du risque. C'est pourquoi les travaux du SGDSN – secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale –, que vous avez suivis, portent sur l'ensemble de ces questions. Assez naturellement, le Premier ministre, dans sa fonction de chef du Gouvernement, centralise les réponses qui doivent être apportées. Nous retrouvons les mêmes éléments, à savoir l'anticipation, la multiplicité des réponses, la nécessité de disposer d'outils d'information et de communication rapides, car l'unité de temps actuelle impose la diffusion de plusieurs messages clairs dans l'heure.

Dans mon métier, nous envisageons les risques jour et nuit. La manière dont les services fonctionnent à chaque niveau nécessite un équilibre de tous les instants en termes de moyens et de réactivité.

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