Intervention de Alain Thirion

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 15h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Alain Thirion :

Concernant l'élément périmétrique que vous évoquez, l'épicentre est le Premier ministre, qui couvre l'intégralité du champ gouvernemental. En fonction de la nature du risque, le champ qui peut être mobilisé varie. Selon cette logique, la cellule interministérielle de crise (CIC) est gérée par le ministère de l'intérieur pour le compte du Premier sinistre. En fonction de la typologie des risques, le Premier ministre choisit le ministère « menant » et le ministère « concourant ». Ainsi, lors d'une crise sanitaire, le ministère menant est le ministère de la santé.

La préparation et l'anticipation sont nécessaires, car la définition des enjeux d'une crise et l'organisation des pouvoirs publics pour y répondre sont des tâches distinctes qu'il est difficile de mener simultanément. Certaines menaces relevant de la sécurité civile peuvent concerner l'intégralité du territoire. En l'absence d'anticipation, les pouvoirs publics en sont réduits à une logique de réaction, de sorte que leur action intervient toujours avec un temps de retard.

La planification est assez développée en France. Elle consiste à associer à chaque situation qui peut se présenter les conséquences attendues et les solutions à apporter. Ce travail est mené avec rigueur par le SGDSN, qui dispose de la capacité de conjoindre l'ensemble des domaines, dont celui du renseignement, qui est fondamental car il permet de se projeter et d'agir. C'est ce qui nous a manqué au début de la crise sanitaire, car nous ne savions pas à quoi nous devions faire face. Nous nous sommes posé la question de l'application du plan de gestion de crise pandémique. Toutefois, il était difficile de déterminer s'il s'appliquait bien à la situation.

Il est essentiel de demeurer attentif aux tentatives de déstabilisation. La société est de plus en plus complexe, donc de plus en plus fragile et exposée à des opérations malveillantes. Vous avez mentionné les crises cyber, qui peuvent provoquer des désorganisations. Nous avons connu en juin 2021 la « crise Orange ». Il s'agissait d'une panne, probablement due à un problème de maintenance, qui a induit un effet domino s'étendant à tous les services, y compris pour les particuliers. Cet épisode a conduit à des modifications législatives. La loi Matras prévoit désormais des obligations plus importantes pour les opérateurs.

Nous avions prévenu Orange de l'existence de cette crise : aucun service d'urgence n'était joignable. L'État s'est alors mis en ordre de bataille pour compenser ces défaillances, ce qui était d'autant plus nécessaire que nous ne disposons pas de réseau de communication alternatif. Nous devons veiller à trouver des solutions en amont et à les mettre en place dans des temps très courts.

Prenons le cas d'une tempête privant plusieurs communes de l'accès aux réseaux téléphoniques et de routes praticables, sans hélicoptère ou téléphone satellite. Ces zones seraient totalement isolées pendant plus de vingt-quatre heures. Selon moi, les services du Premier ministre, à commencer par le SGDSN, doivent avoir la haute main pour identifier les acteurs des crises. Au niveau local, le représentant du Gouvernement est le préfet. Celui-ci couvre l'intégralité des problématiques. Au niveau national, l'outil CIC – auquel il serait nécessaire d'intégrer les moyens de communication complémentaires –, qui est à la main du Premier ministre, facilite le travail entre les différents ministères. Lors de la tempête Irma, un problème logistique amoindrissait l'accès au terrain. Les services des armées étant les mieux outillés, le Premier ministre leur a demandé d'apporter leur concours. L'interministérialité demeure le principe de fonctionnement du dispositif de gestion de crise. Pour permettre une gestion détaillée, le ministère « menant » est responsable pendant au moins une partie de la crise, mais les ministères « concourants » peuvent varier dans le temps selon les problèmes qui se posent. L'organisation des acteurs doit rester fluide.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.