Intervention de Alain Thirion

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 15h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Alain Thirion :

La résilience pourrait paraître un sujet ardu. Les travaux parlementaires sont précieux, car ils permettent le développement de la culture autour de ces questions.

Je suis un préfet assez humble. Il me semble que la vision d'un État présent pour toutes les questions est dépassée. L'État est un chef d'orchestre : il peut combler des manques entre les territoires. Chaque personne, quelle que soit sa condition, a le droit à la même réponse en matière de secours. Il est clair que nous devons disposer de réponses appropriées. Le communiqué de presse de plus de trois pages n'est lu par personne. Considérer la population autrement que comme des citoyens actifs est dépassé. C'est la raison pour laquelle nous utilisons des modes opératoires innovants. Les éléments d'acculturation, telle la journée japonaise que j'ai mentionnée, paraissent essentiels. Des outils peuvent également être utiles, notamment VISOV. Il s'agit d'une association de bénévoles qui travaillent au repérage de publications sur les réseaux sociaux. Ils sont capables de chiffrer la sensibilité et la réactivité des internautes à chaque situation. Dans le cadre d'une convention avec VISOV, nous sommes ainsi en mesure de déterminer dans quelle zone se posent le plus de questions concernant un problème donné, et pouvons donc définir plus finement le type de réponse à apporter ainsi que l'échelle pertinente. Ce type d'action produit plusieurs effets : d'une part, c'est un processus concret et pratique ; d'autre part, il nous place, vis-à-vis des collectivités locales, dans une position où nous ne sommes pas donneurs de leçon ; enfin, VISOV permet de rassurer la population. Nous retrouvons les principes, extrêmement puissants au sein de la sécurité civile, de sécurité et d'engagement pour autrui.

Il faut être précis dans l'information, identifier le risque, déceler ce que nous savons et ce que nous ne maîtrisons pas. Certains acteurs considèrent que la parole publique doit répondre à toutes les questions. Or, nous ne sommes écoutés et entendus que lorsque nous sommes crédibles. La rumeur comme la mauvaise parole priment sur la bonne. Le message d'information est fondamental.

Notre société évolue bien par rapport aux risques naturels : pour conforter cette évolution, l'apprentissage des gestes qui sauvent devrait être imposé à l'école. Je suis plus inquiet quant aux risques industriels. Il est primordial d'effectuer un travail pédagogique avec des exercices en grandeur réelle. Nous demandons aux préfets de réaliser trois exercices par an. Or, certains territoires sont exposés à une vingtaine ou une trentaine de risques. En outre, aucune politique publique territorialisée ne peut être conduite sans l'implication des élus. Lorsque l'organisation est en osmose, les dynamiques créées fonctionnent. Lors de la crise sanitaire, la mécanique gouvernementale, la réactivité et l'intelligence des territoires l'ont emporté.

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