Intervention de Nicolas Lerner

Réunion du mardi 26 octobre 2021 à 14h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Nicolas Lerner, directeur général de la sécurité intérieure :

L'action de tous les services de renseignement a été profondément bousculée par l'avènement des réseaux sociaux et la rapidité avec laquelle informations et mises en cause peuvent se diffuser. Nous nous adaptons, nous aussi, à la rapidité avec laquelle les messages se répandent. À cela s'ajoute une difficulté supplémentaire, l'anonymat de ceux qui diffusent les fausses informations sur des réseaux sociaux qui servent à la fois de caisse de résonance et de défouloir.

Votre question recouvre plusieurs modalités d'action des services de renseignement : les moyens mis en œuvre afin de réaliser des investigations sur les réseaux sociaux, en particulier pour détecter des menaces, et le dispositif national déployé par les autorités pour lutter contre la manipulation de l'information par des puissances étrangères.

S'agissant des investigations menées sur les réseaux sociaux, notamment en matière terroriste, la plus grande difficulté réside dans l'identification des individus réellement porteurs de menaces. Face à des propos tous plus violents les uns que les autres, il nous faut évaluer qui sera l'objet d'enquête. De l'assassinat de Samuel Paty, nous avons tiré des enseignements sur les moyens à consacrer au suivi des réseaux sociaux et surtout aux moyens d'investigation que nous engageons pour les profils que nous estimons les plus dangereux.

S'agissant de la lutte contre la désinformation, les pouvoirs publics ont souhaité traiter en toute transparence ce risque d'atteinte à nos principes démocratiques en créant un service spécifique, Viginum, doté de moyens nouveaux pour assurer la veille indispensable et faire remonter ce qui doit l'être. L'action de la DGSI est complémentaire de ce nouveau service et passe notamment par des moyens d'investigation technique, par la détection des relais sur le territoire national dont certaines puissances étrangères se servent pour renforcer la légitimité de leur discours ou encore par la caractérisation des liens entre des comptes ou des personnes physiques et des États étrangers. C'est un domaine dans lequel les services engagent beaucoup de moyens mais dans lequel il reste beaucoup à faire et à comprendre.

Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour répondre aux questions relatives à l'autonomie stratégique et à la capacité des acteurs de l'économie française à assurer leur propre résilience. Mes contacts récents avec des industriels, des universités et des laboratoires de recherche m'ont donné l'impression que la crise sanitaire a joué son rôle mais que ces questions avaient commencé de se poser avant cela. Nous nous engageons par exemple dans un plan de lutte contre les ingérences étrangères à l'université, et il y a désormais une prise de conscience manifeste des risques auxquels entreprises, laboratoires et universités s'exposent à trop dépendre de l'étranger. La quasi-totalité de mes interlocuteurs intègre désormais cette dimension de souveraineté dans leurs choix et décisions.

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