Intervention de Nicolas Lerner

Réunion du mardi 26 octobre 2021 à 14h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Nicolas Lerner, directeur général de la sécurité intérieure :

D'abord, la DGSI est très attentive à la détection de toute forme de menace projetée, en lien étroit avec la DGSE et ses partenaires étrangers. Si cette forme de menace a diminué, elle n'a pas disparu et requiert toute notre vigilance, qu'il s'agisse du suivi de la situation en zone Syrie-Irak, en Afghanistan ou au Sahel.

S'agissant de l'État islamique, sachez que la DGSI est particulièrement engagée dans la recherche de preuves de guerre. De nombreux documents récupérés en Syrie et en Irak ont déjà pu être versés en procédure à l'appui de poursuites contre des Français ou des ressortissants étrangers ayant rejoint la zone irako-syrienne. Ces documents racontent la vie quotidienne sous ce qui présente tous les attributs extérieurs d'un Etat totalitaire.

J'en viens maintenant aux raisons qui peuvent rendre la bande sahélo-saharienne moins attrayante pour les combattants étrangers que la zone irako-syrienne en son temps. C'est pour commencer une question de propagande – rappelons-nous le matraquage régulier sur ce qui attendait ceux qui iraient en Syrie ou en Irak : maisons, femmes, travail, statut social… Tout cela était très attirant pour une partie d'une jeunesse aux profils différents, jeunes gens très religieux ou individus en quête de rédemption ou de reconnaissance. Cette stabilité n'existe pas aujourd'hui, et vivre dans un groupe terroriste au Mali ou au Burkina-Fasso ne correspond pas exactement à la vie que vantait l'État islamique sous le califat. D'autre part, la propagande elle-même n'existe pas : les groupes terroristes présents au Sahel ne cherchent pas à attirer des ressortissants européens.

Ensuite, le conflit au Sahel n'est pas très lisible au vu des individus dont nous assurons le suivi.

Enfin, je suis convaincu qu'une part très importante des adultes qui avaient la velléité de rejoindre une zone de combat ne sont plus en état de le faire, soit qu'ils aient trouvé la mort en Syrie ou en Irak, soit qu'ils soient incarcérés. La France est le pays occidental qui compte le plus grand nombre de détenus terroristes : sans même compter les 700 radicalisés, 480 personnes convaincues de terrorisme sont en détention aujourd'hui. Beaucoup avaient la velléité de rejoindre une zone de djihad. Ces facteurs cumulés expliquent l'absence de départs massifs vers le Sahel depuis la France. Pour autant la DGSI reste extrêmement attentive aux conséquences que l'évolution de cette zone peut avoir sur la sécurité intérieure.

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