Intervention de Nicolas Lerner

Réunion du mardi 26 octobre 2021 à 14h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Nicolas Lerner, directeur général de la sécurité intérieure :

Le recours au logiciel américain d'analyse de données que vous avez mentionné répondait à un besoin non contestable et non contesté. Pour répondre à ce besoin, Patrick Calvar, mon anté-prédécesseur, a pris la décision, en 2015, de lancer un appel d'offres, auquel ont répondu Palantir et deux sociétés françaises. Palantir a finalement été retenue parce qu'elle était la seule à l'époque, dans le contexte de menace aiguë que traversait notre pays, capable de répondre immédiatement au besoin.

Puisque j'ai mentionné les questions de souveraineté, je précise que cette entreprise n'a à aucun moment accès à nos données. Vous imaginez bien qu'aucun de mes prédécesseurs ni moi-même n'aurions accepté de livrer nos données à une société américaine. Cela étant dit, peut-on se satisfaire durablement de cette situation ? Sans pouvoir en dire davantage, nous sommes engagés dans la montée en puissance des industriels français.

J'en viens à l'anticipation et à la stratégie. Chacun reconnaît la réactivité et la capacité d'adaptation du ministère de l'intérieur. Contrairement à la plupart des services de renseignement intérieur dans le monde, la DGSI est un service de police qui a des compétences judiciaires, et je suis très attaché à ce modèle. Pendant la période 2015-2018, la priorité absolue était à l'opérationnel. Elle l'est et le restera toujours, mais maintenant nous devons aussi penser différemment la fonction stratégie. Je ne vais pas créer une direction de la stratégie. Ce qui fait la force de la DGSI, c'est en effet son aptitude à allier capacités opérationnelles et capacités analytiques. Les analyses de la DGSI sont faites en lien étroit avec les structures opérationnelles et c'est une force à conserver. Toutefois, plusieurs structures, en France et hors de nos frontières, notamment des services de renseignement intérieur étrangers parmi les plus expérimentés, se sont ouverts à l'extérieur pour confronter les analyses et les enrichir. C'est un projet que je porte également.

La DGSI est présente dans chaque territoire d'outre-mer, à l'exception de Saint-Pierre-et-Miquelon et des Terres australes et antarctiques françaises. Le réseau d'outre-mer est piloté depuis la centrale. Les échanges ont été intensifiés récemment avec le ministère des outre-mer, dont je salue le rôle, car les sujets qu'il traite sont tellement spécifiques et atypiques que le DGSI a besoin d'être orientée. Sur ces territoires, le risque terroriste islamiste est plus contenu. En revanche, nous sommes fortement engagés sur les risques de subversion violente et les atteintes à la forme républicaine des institutions. Enfin, nous poursuivons notre mission de détection des ingérences étrangères, essentiellement dans le Pacifique, à La Réunion mais aussi en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française.

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