Nous imaginons la journée nationale de préparation aux crises comme un exercice national qui concernerait l'ensemble de la population et l'ensemble des acteurs tels que l'État, les entreprises, les écoles… Les exercices pourraient être différents en fonction du lieu. Nous sommes convaincus que c'est la mobilisation de l'ensemble de la population et des acteurs qui peut rendre notre société résiliente. Un exercice national, piloté par l'État, responsabilisant chaque acteur, permettrait d'assurer à la fois la formation aux bons gestes de réponse aux crises et l'information de la population sur les risques auxquels elle est exposée. Cette journée s'intégrerait dans un cursus global de formation aux risques et aux gestes qui sauvent initié dans la jeunesse et poursuivi tout au long de la vie.
Nous travaillons à l'évolution des formations aux gestes qui sauvent. Nous constatons qu'il ne suffit pas d'avoir suivi la formation ponctuelle Prévention et secours civiques de niveau 1 (PSC1) pour passer à l'acte en situation. La capacité à passer à l'acte nécessite des rappels et une formation tout au long de la vie, afin d'être préparé et de briser ses appréhensions. La loi inscrit l'obligation de formation dans le parcours scolaire, cependant nous constatons que tous les jeunes ne sont pas formés. Nous développons les formations dans les entreprises, dans les collectivités et dans les services de l'État. Toutefois, elles ne sont pas systématiques. Nous devons absolument mettre en place des cursus de formation – nous serons aidés par la digitalisation – comportant des rappels tout au long de la vie afin de s'assurer de son efficacité.
Le sujet de la concertation entre acteurs nous renvoie aux habitudes de travail et de communication. Si les acteurs n'échangent pas, ne travaillent pas ensemble, n'ont pas de plans communs leur permettant de répondre ensemble aux crises à venir, la difficulté à répondre collectivement le jour où la crise survient s'accentue. Nous avons pu constater que nous ne possédions pas les réflexes adéquats au début de la crise du covid-19. Toutefois, des initiatives ont été progressivement prises, sous la responsabilité des collectivités ou des représentants de l'État dans les départements. Les services publics, les associations, les collectivités, les entreprises sont parvenus à apporter des solutions concrètes pour répondre aux problématiques locales. Je pense que la question de la préparation est essentielle dans notre capacité future à travailler ensemble lorsque surviendra une crise. Au début de la crise, nous avons ressenti une relative défiance de l'État vis-à-vis des autres acteurs, comme si les associations manquaient de professionnalisme et comme si mobiliser des citoyens bénévoles engendrait un manque d'efficience. Il a fallu abattre certains préjugés, et aussi montrer aux associations qu'il était possible de travailler avec les entreprises. Celles-ci sont des acteurs importants en termes de résilience, en raison de leurs savoir-faire, de leur implantation et de leur inclusion dans le tissu socio-économique des territoires.