Intervention de Pascal Berteaud

Réunion du vendredi 29 octobre 2021 à 11h30
Mission d'information sur la résilience nationale

Pascal Berteaud, directeur général du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement :

Le sujet de la résilience est majeur pour nous. Nous avons imposé les questions de vulnérabilité et de résilience comme concepts de base dans l'aménagement. La crise du covid-19 en a démontré l'importance. Nous avons restructuré l'ensemble du CEREMA autour de compétences techniques liées entre elles par le sujet du changement climatique et de l'adaptation à ce changement, ce qui équivaut à de la résilience.

Ces questions sont donc devenues fédératrices de nos activités. Nous nous y sommes investis à travers quatre types d'approches opérationnelles. La première, l'approche intégrée, permet de bâtir une stratégie territoriale de résilience en irriguant l'ensemble des thématiques à l'échelle d'un territoire. Elle consiste à comprendre l'ensemble des menaces et à identifier les actions que la collectivité doit mener pour augmenter sa résilience. Nous avons développé plusieurs outils, notamment une Boussole de la résilience qui a été largement diffusée. Cet outil de base se situe au cœur de la méthodologie que nous développons pour accélérer la résilience territoriale des collectivités. Nous proposons également des formations sur mesure destinées aux chefs de projet, aux élus ou aux cadres dirigeants. Nous mobilisons cette approche pour tous les types de territoires, des grandes métropoles à des territoires plus ruraux. Elle s'adapte à l'ensemble des échelles et nous la déployons sur l'intégralité des programmes auxquels nous concourons. C'est le fil conducteur de l'ensemble de nos actions. Nous l'appuyons sur une stratégie de diffusion des connaissances, grâce à la mise en place du centre de ressources pour l'adaptation au changement climatique, qui nous permet de capitaliser sur les expériences et la connaissance. Nous avons accompagné entre trente et quarante collectivités au cours des dix-huit derniers mois grâce à cette approche. Le facteur limitant qui nous empêche d'en accompagner davantage n'est pas la demande, mais notre aptitude à répondre. D'une part, notre capacité d'action est en baisse, d'autre part, nos propres collaborateurs sont actuellement formés à cette approche. Le curseur de nos compétences se déplace, mais cela demande du temps.

La deuxième approche, plus classique, est celle de la gestion des risques et des aléas. Le CEREMA est l'expert national s'agissant des inondations, des mouvements de terrain, des submersions marines et des autres risques liés au changement climatique, ainsi que la pollution de l'air ou du bruit. Nous mobilisons depuis longtemps un outillage spécifique. Nous le déployons autant que possible dans le cadre d'appels à partenaires que nous organisons pour les collectivités. Nous développons ainsi nos méthodes à partir de cas concrets tout en travaillant sur les territoires qui font appel à nous, puis nous capitalisons et rediffusons l'expérience. Un appel à partenaires sur les questions de gestion intégrée du littoral nous a permis de travailler avec l'Association nationale des élus du littoral (ANEL). Un second partenariat avec l'Association des communautés de France (AdCF) et l'Association nationale des élus des bassins (ANEB) sera prochainement engagé sur la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI). D'autres interventions sont effectuées de manière plus ponctuelle, lors de situations d'urgence telles que les inondations, ou hors situation d'urgence.

La troisième approche concerne les composantes du territoire. Compte tenu de notre passé, nous nous intéressons particulièrement aux infrastructures, pour lesquelles nous développons des méthodologies de pointes. Nous réalisons actuellement un diagnostic de la vulnérabilité physique des infrastructures ferroviaires de l'axe Seine pour la SNCF. Nous menons également plusieurs études sur la vulnérabilité des infrastructures routières face au changement climatique. En effet, les différentes couches de la route changent de comportement, ce qui nécessite des actions particulières.

La quatrième approche se concentre sur les solutions et les leviers de résilience. Nous favorisons au maximum les solutions fondées sur la nature, sur des sujets tels que la régulation de la température, la capacité à absorber les précipitations, l'accroissement de la biodiversité. Nous développons de nombreuses méthodes à partir de cas d'usage. Nous menons des actions concernant les mobilités, notamment actives telles que le vélo ou la marche. Nous avons par exemple beaucoup agi pour les pistes cyclables au cours de la crise du covid-19. Enfin, nous dirigeons des travaux sur la sobriété foncière et l'économie circulaire.

Ces quatre approches, sur lesquelles nous avançons par tests avec les collectivités – nous bénéficions d'une centaine d'études de cas réalisées au cours des dix-huit derniers mois – sont très complémentaires. L'enjeu majeur est de déployer ces méthodologies très largement sur l'ensemble du territoire national. Les études sur la résilience représentaient une faible part de notre activité il y a trois ou quatre ans. Aujourd'hui, elles représentent environ 15 millions d'euros par an sur un budget total annuel de 200 millions d'euros. Nous estimons qu'elles doubleront ou tripleront dans un avenir très proche. Paradoxalement, l'émergence des questions de résilience s'avère être un effet bénéfique de la crise du covid-19. Celle-ci a provoqué une prise de conscience générale sur le fait que nos conditions de vie sont susceptibles de changer de manière radicale dans un avenir proche. Notre capacité à nous adapter et à nous montrer résilients est essentielle dans une politique. Nous constatons à quel point nos interlocuteurs dans les collectivités sont impliqués à ce sujet et motivés pour avancer.

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