Intervention de Béatrice Angrand

Réunion du mercredi 3 novembre 2021 à 15h15
Mission d'information sur la résilience nationale

Béatrice Angrand, présidente de l'Agence du service civique :

Le lien entre notre agence et la résilience nationale n'est pas évident. Pourtant, le premier confinement, en mars 2020, a contribué à renforcer sa visibilité. Lorsque la nation est fragilisée et menacée, les jeunes se mobilisent et s'engagent dans le service civique pour soutenir le pays.

Le service civique a été créé le 10 mars 2010. Il a pour objectif de permettre à des jeunes de donner de leur temps pour des causes qui leur tiennent à cœur. Il s'agit de missions d'intérêt général d'une durée de six à douze mois dans neuf domaines distincts. Un dixième domaine sera ajouté prochainement. Ces missions d'intérêt général ont trait à la santé, à l'éducation, à la solidarité, à l'environnement, etc. En échange de cet investissement, les jeunes reçoivent une indemnisation de 580 euros par mois, un tutorat et des formations d'un minimum de trois jours parmi lesquelles la prévention et secours civiques de niveau 1 (PSC1). Le service civique pose le cadre d'un échange entre un jeune qui donne du temps, un organisme qui l'accueille et l'État qui l'indemnise.

Parmi les organismes d'accueil, 80 % sont des associations, 6 % sont des services publics et 12 % des collectivités territoriales. Ces chiffres demeurent constants depuis la création du service civique, bien que nous constations un intérêt accru des collectivités territoriales. L'année 2020 a compté 132 700 jeunes engagés en service civique. Ils étaient 140 000 en 2019. Lors de cette année si complexe, il n'a pas été simple pour les jeunes de s'engager aussi massivement. Cet investissement doit être rapporté à la quête de sens de notre jeunesse pendant cette période et au désir sincère de contribuer à apporter une réponse concrète aux défis que la France a traversés. De nombreux jeunes se sont investis sur le terrain auprès de personnes âgées, dans des collectivités pour promouvoir les gestes barrières, dans des familles pour assurer la continuité pédagogique des enfants.

En 2020, l'âge moyen des volontaires du service public était de 21 ans. Ces derniers sont à 60 % des femmes et à 39 % hommes. 43 % des volontaires effectuent le service civique volontaire après l'obtention de leur diplôme du baccalauréat. Ce chiffre est intéressant car il signifie que, pour beaucoup de jeunes, le service civique est considéré comme une année de réflexion sur leur orientation. 35 % des volontaires intègrent le service civique deux ans après avoir obtenu leur diplôme du baccalauréat et 22 % sont des « décrocheurs ». Le service civique représente un tremplin pour des jeunes qui ont rencontré des difficultés dans des parcours traditionnels. Pour ce public, l'engagement citoyen constitue une réponse pour aider à leur réintégration et leur permettre de retrouver une place dans la société, voire dans la vie professionnelle. Cet aspect est pris en compte par le Gouvernement puisque le service civique aura une place dans le contrat d'engagement jeunesse présenté lundi 1er et mardi 2 novembre 2021 par le président de la République et le Premier ministre.

Une enquête a été menée avec l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP) en 2020. Les données de cette étude ont été en partie exploitées. Elles détaillent les motivations qui conduisent les jeunes à s'engager dans le service civique : le désir de donner du temps, la volonté de s'engager dans l'intérêt général, l'indemnité et le désir d'acquérir une expérience professionnelle. Les volontaires décrivent avec beaucoup de finesse la découverte des différentes thématiques et d'un environnement qui leur offre la possibilité de prendre des initiatives. Le jeune est accompagné dans sa structure par un tuteur, sans relation de subordination. Les structures d'accueil doivent permettre aux jeunes de prendre des initiatives pour mieux cerner leurs capacités et ainsi consolider leur confiance en eux.

Une enquête post-service civique est organisée chaque année auprès de tous les volontaires. Parmi les points importants du dispositif, les volontaires citent le fait d'avoir trouvé leur voie – cette expérience a confirmé ou infirmé un désir d'orientation –, d'avoir gagné en confiance en soi et d'avoir apprécié l'expérience grâce à un accompagnement adapté du tuteur. Il s'agit là d'un point que nous souhaitons renforcer, notamment au travers du collectif mentorat, qui permettra d'accroître la formation des tuteurs. Cela supposerait par ailleurs davantage de reconnaissance de ces derniers au sein de leur organisme et par la société d'une manière générale.

Un élément important qui remonte du terrain concerne le développement de missions dans le champ environnemental. La lutte contre le réchauffement climatique est la première grande cause pour laquelle les jeunes volontaires se sont prononcés lors d'une consultation citoyenne organisée à l'occasion des dix ans du service civique.

Ils attendent également davantage de reconnaissance du service civique dans le monde universitaire, scolaire, et également dans la vie professionnelle. Une enquête menée avec l'association générale des DRH indique que deux tiers des recruteurs ont un a priori favorable pour les curriculums vitae des jeunes en service civique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.