Le thème de la résilience est au cœur du service militaire volontaire (SMV). La mission confiée au SMV en 2015 était très claire. Dans son décret de création, l'intitulé de la mission est de faciliter l'intégration et la formation des jeunes Français de 18 à 25 ans, résidents en métropole et à l'étranger et exclus de l'emploi. Ce décret précise également les missions confiées au SMV au rang desquelles deux ont un lien direct avec la résilience. Il s'agit d'abord de la formation militaire à caractère professionnel, civique et scolaire. Le SMV comprend donc une dimension citoyenne. La seconde prévoit l'emploi de jeunes du SMV dans le cadre de missions citoyennes ou de sécurité civile. Ces deux dimensions ont été illustrées ces dernières années par l'intervention de jeunes du SMV en période de crise ou parallèlement à des périodes de crise.
Le SMV a été créé en 2015. Nous avions alors vécu les premiers attentats de cette année 2015 qui ont visé les locaux du journal Charlie Hebdo. La logique du Président de la République était double. Il s'agissait de participer à la résilience de la jeunesse en lui offrant la capacité de retrouver une vocation citoyenne. L'enjeu était aussi de s'adresser aux décrocheurs, c'est-à-dire aux jeunes en difficulté. À l'époque du service militaire, certains jeunes pouvaient profiter de l'expérience acquise. Le service militaire adapté (SMA) qui a cours dans les outre-mer constitue un des modèles sur lequel le SMV a été créé. Il s'agit en effet de la mise en œuvre de ce système sur le territoire métropolitain. Cette création a été rapide. L'armée de terre a été volontariste. Nous avons ouvert trois centres de l'armée de terre en 2015. La marine puis l'armée de l'air ont rejoint le processus. Désormais, le SMV est un service à compétence nationale sous tutelle de la secrétaire générale pour l'administration. En outre, il entretient un lien particulier avec mon autorité de tutelle : le directeur du service national et de la jeunesse.
Ce dispositif a été pérennisé au sein de la loi de programmation militaire de 2019-2025. Désormais, il est articulé autour de six centres et régiments. Il existe trois unités de l'armée de terre : le premier régiment du service militaire volontaire (RSMV) de Metz, le deuxième RSMV de Brétigny-sur-Orge et le troisième RSMV de La Rochelle. Deux centres appartiennent à la marine et à l'armée de l'air. Il s'agit du centre du service militaire volontaire (CSMV) de Brest et de celui d'Ambérieu-en-Bugey, qui a une dimension armée de l'air et de l'espace. Ce dispositif mobilise 353 militaires d'active et 4 personnels civils au profit de 1 200 volontaires stagiaires pour l'année 2021.
L'implantation est localisée : aucun centre n'existe au sud de La Rochelle et d'Ambérieu-en-Bugey. Un nouveau défi nous a été confié récemment par le Président de la République avec l'ouverture d'une antenne à Marseille. L'objectif est d'asseoir la capacité de recrutement et d'implantation du SMV. Désormais, le SMV représente une ambition d'insertion sociale et territoriale. Il s'agit essentiellement d'une formation humaine. Le cœur du service militaire volontaire demeure sa capacité à transposer la « militarité » de ses cadres et de les adapter aux jeunes qui le rejoignent. Parmi l'ensemble des dispositifs de formation professionnelle, la particularité du SMV demeure cette « militarité » et le volontariat des jeunes qui nous rejoignent. Ces derniers signent un engagement au sein des armées. Cet engagement s'effectue sur une durée de huit mois extensible jusqu'à douze mois. Par ailleurs, le SMV fonctionne avec des partenaires. Ces derniers sont de trois ordres : des prescripteurs – ensemble des organismes permettant aux jeunes de rejoindre le SVM tels que Pôle emploi, les missions locales et des associations –, des employeurs – qui offrent des perspectives aux jeunes y compris dans des logiques novatrices avec des capacités de formations professionnelles ouvertes aux jeunes du SMV –, et des financeurs – le SMV s'appuie sur des financements externes provenant notamment des régions et des fonds sociaux européens.
Le SMV ne peut pas travailler seul, il mobilise des partenariats de manière à constituer un dispositif complémentaire. Le parcours des jeunes volontaires stagiaires comprend trois phases. La première phase concerne la formation militaire. Il s'agit de la formation morale que reçoivent les jeunes militaires qui rejoignent les armées, à l'exception de l'instruction aux tirs ou au combat. Cet apprentissage dure un mois. La deuxième phase est constituée de quatre mois de formation dite complémentaire. Cette procédure comprend une remise à niveau scolaire, la présentation à l'examen du permis de conduire – taux de réussite de plus de 70 % –, et des compléments de formation afin d'inscrire ces jeunes dans l'emploi au travers du secourisme au travail ou de missions d'intérêt général. Cette phase permet aux jeunes de redécouvrir leur place au sein de la société. À l'issue de ces cinq mois débute une phase de formation professionnelle externalisée auprès de différents organismes. Cette formation représente un volume horaire de 400 heures. En ce sens, nous développons des partenariats avec des organismes qui proposent des contrats de formation ou d'apprentissage. Ces structures offrent ensuite un certain nombre de débouchés. L'ensemble du stage s'étend sur une durée de huit à douze mois à la suite desquels nous pouvons suivre les jeunes dans leur insertion professionnelle pendant six mois.
Depuis 2015, plus de 5 900 volontaires ont rejoint le SMV. Ces effectifs comprennent 42 % de non-diplômés et 24 % d'illettrés. Le taux d'insertion est de 70 % sur présentation d'un justificatif – contrat de travail. Nous estimons que ce taux est en deçà de la réalité, les jeunes ne nous présentant pas toujours leur justificatif. Notons que 5 % de jeunes ont un passé judiciaire, avec un B2 non vierge au recrutement ou des contrôles élémentaires restrictifs pour près de 20 % d'entre eux.
Nous les formons dans plus de cinquante métiers ouverts et adaptés aux besoins du marché du travail. Notre budget global est légèrement supérieur à 45 millions d'euros. La part de frais de fonctionnement et de frais de personnel est de 35 millions d'euros. Le SMV est éligible aux fonds sociaux européens pour une première dotation de 18,7 millions d'euros qui nous permettent de participer aux frais qu'il occasionne auprès des armées – rachat d'une partie de notre soutien. Le service militaire volontaire est également éligible à la formation professionnelle, qui nous permet de financer 90 % des frais de formation par des crédits régionaux.
Les objectifs et les axes de développement du SMV pour la période 2021-2025 ont été fixés par Mme la ministre Florence Parly et le Président de la République en octobre 2020. L'objectif est de recruter 1 500 jeunes en 2022. Le Président de la République nous a confié la création d'une antenne à Marseille pouvant accueillir 100 jeunes rapidement. Les premiers résultats seront évalués au mois de février 2021. Les treize premiers volontaires marseillais ont signé leur contrat hier. Les axes de développement sont simples. Le premier est d'assurer la présence du SMV dans les territoires en optimisant nos capacités et en développant notre économie financière. Ensuite, il s'agit de nous inscrire dans le plan Ambition armée-jeunesse 2022 en participant à l'ensemble des dispositifs jeunesse du ministère de la défense – classes de sécurité défense globale, missions d'intérêt général – et en demeurant partenaire du SNU. Les trois phases du SNU, qui sont la capacité de formation des formateurs, la mission d'intérêt général et le dispositif d'engagement jeune, demeurent intégralement compatibles avec le SMV.
En 2022, il s'agira de renforcer notre mode de fonctionnement en travaillant à une mise en adéquation des aspirations des jeunes et des formations proposées. L'enjeu demeure d'identifier les formations les plus motivantes et les plus intéressantes pour les jeunes. Nous disposons de formations qualifiantes au travers de nos partenariats. La nécessaire diversification géographique nous permettra de recruter plus largement. Une expérimentation de cette diversification géographique nous est offerte avec la création de l'antenne de Marseille. Les cinq premiers mois de formation se dérouleront dans les centres et régiments existants, tandis que la formation professionnelle se déroulera dans l'antenne créée à Marseille au plus proche des bassins d'emploi des jeunes. Ce fonctionnement offrira aux jeunes une capacité à revenir et à s'insérer au plus près de chez eux. Nous attendons un peu moins de cinquante volontaires d'ici à la fin du mois de novembre. Nous aurons alors réalisé la moitié de l'objectif fixé par le Président de la République.
Le corps de métier du SMV consiste à placer les jeunes en difficulté dans une logique de retour à l'emploi. Cette dynamique participe à la résilience nationale. Le SMV prend part à l'éducation citoyenne et mémorielle dans son cursus de formation, au travers de missions d'intérêt général ou de la participation aux dispositifs des classes de défense et de sécurité. Nos jeunes peuvent être engagés dans des missions en situation d'urgence ou de crise sur le territoire national. Ainsi, de février à juillet 2019 le premier RSMV a été mobilisé dans la lutte contre la peste porcine africaine. En avril 2020, nous avons engagé des jeunes du second RSMV à Rungis dans le cadre de l'opération Résilience pour la préparation de colis à destination de l'AP-HP et des EHPAD. À Châlons-en-Champagne, 30 000 masques ont été distribués par des jeunes du SMV. Ces derniers sont aussi intervenus au profit des préfectures de police dans le cadre des élections régionales, avec la préparation de kits sanitaires électoraux. Enfin, les jeunes du SMV d'Ambérieu-en-Bugey et de Metz ont été engagés dans les centres de vaccination.
Le SMV constitue un investissement de long terme au profit de la nation. Il est une manifestation de la mission de prévention des armées.