La question du recul de l'industrie française est depuis longtemps présente dans le débat politique. Elle a cependant pris une acuité singulière au cours de la crise sanitaire. La perturbation, voire l'arrêt, de différents flux industriels et commerciaux a mis en relief comme jamais les vulnérabilités de notre tissu industriel. Des dépendances sont apparues dont nous n'avions pas forcément conscience. En d'autres termes, la résilience de notre économie et de notre production est devenue un enjeu central, aussi bien dans la réponse à la crise que dans la définition de notre politique économique.
D'une certaine manière, le Gouvernement s'est livré durant ces deux dernières années à un exercice de résilience grandeur nature : il a fallu encaisser le choc de la pandémie tout en élaborant des réponses à la fois sur le court, le moyen et le long terme. L'objectif de ces mesures est non seulement de diminuer notre vulnérabilité à de nouveaux chocs comparables, mais aussi de remédier aux fragilités systémiques mises en évidence par la crise.
À cet égard, la séquence qui va du plan d'urgence au plan de relance et au plan France 2030 s'inscrit indubitablement dans une dynamique de résilience face au réchauffement climatique et à de futures crises de toute nature, qui exigent un renforcement significatif de notre autonomie en matière de production industrielle et d'approvisionnement.
Madame la ministre, nous attendons de cette audition qu'elle nous éclaire sur l'analyse que fait le Gouvernement des vulnérabilités systémiques de notre économie et sur la stratégie appliquée pour y remédier, en ce moment si particulier de l'histoire de notre pays. Dans le contexte d'une économie mondialisée où prévaut une logique de flux, comment construire une résilience nationale face à des risques et des menaces susceptibles de perturber ou d'interrompre ces flux ?
La période récente a mis en évidence un enjeu particulièrement important, celui de la capacité de nos industries à adapter leur production en réponse à une situation de crise. Nous pensons, bien entendu, aux équipements médicaux et à la production pharmaceutique, mais c'est en réalité la quasi-intégralité de l'économie, de l'agroalimentaire aux télécommunications, de l'énergie à l'électronique, du secteur bancaire aux industries mécaniques, qu'il convient de passer en revue pour évaluer sa capacité à se transformer en cas de choc majeur.