Intervention de Thomas Gassilloud

Réunion du jeudi 18 novembre 2021 à 15h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Gassilloud, rapporteur :

L'objectif de notre mission d'information est d'évaluer la manière dont notre pays est en mesure de faire face à des chocs de forte intensité, frappant une très grande partie du pays dans la durée. On pense aux risques identifiés depuis un certain temps dans les revues de sécurité nationale, qu'ils soient de nature sanitaire, climatique, technologique, ou qu'ils prennent la forme de cyberattaques, voire de guerres, puisqu'il est question aujourd'hui du retour des conflits majeurs, et même de formes d'hybridité.

Nous procédons à cette évaluation à la lumière de la crise sanitaire. On estime qu'elle aurait pu présenter une intensité bien plus forte puisque, si ce virus est très contagieux, d'autres sont plus létaux. De surcroît, nous n'avions pas d'adversaires stratégiques en tant que tels. Les routes maritimes n'ont pas été coupées et nous n'étions pas confrontés à des adversaires qui cherchaient à mener des attaques cinétiques ou ayant pour objet la désinformation. Nous pourrions donc être confrontés à des risques encore plus importants.

Les premiers témoignages que nous avons recueillis mettent en avant des facteurs de résilience : s'agissant de la planification, tous les acteurs que nous avons auditionnés ont dit leur satisfaction quant au rôle de chef de file assumé par l'État pendant la crise. Quand rien ne va, il faut un chef pour fixer une direction, des moyens d'intervention et de la force morale.

Le sujet qui nous intéresse plus particulièrement est la manière dont il est possible de faire face à notre dépendance à la technologie, car l'un des facteurs de moindre résilience tient à nos modes de consommation et de production actuels. Nous nous sommes progressivement habitués à vivre dans une société de flux et non de stocks. Lors de la guerre froide, nous avions l'habitude de stocker dans les arsenaux militaires pour être en mesure de faire face à un conflit, le moment venu ; aujourd'hui, dans la société du « zéro stock », nous nous trouvons assez rapidement confrontés à des situations extrêmement difficiles touchant l'ensemble des domaines vitaux – l'énergie, la santé, l'alimentation, le cyber… – et ce, dans un contexte de désindustrialisation, même si des signaux positifs ont été enregistrés ces dernières années. Nous visons un objectif de réduction de la dépendance motivé non pas seulement par des raisons économiques ou liées à l'emploi, mais aussi par des considérations tenant à la souveraineté. Cela change le spectre, puisque ce n'est pas tant la part de l'industrie en tant que telle qui nous importe, que la capacité à produire l'ensemble des produits critiques. Notre vision est donc plus exhaustive.

Vous avez évoqué trois axes : stocker, fabriquer et importer. Face à une crise qui peut s'inscrire dans la durée, fabriquer est la seule solution envisageable. On peut certes se protéger en diversifiant les sources d'importation, mais une telle stratégie montre ses limites lorsque tout le monde veut la même matière en même temps. Quant au stock, il est par nature temporaire et est toujours calculé en situation nominale. Lorsque la consommation augmente brusquement, des stocks qui paraissaient importants deviennent dérisoires. Cela dit, nous vivons dans un monde ouvert et assumons certaines dépendances ; il importe toutefois que celles-ci soient acceptées collectivement.

Enfin, je relève comme vous, madame la ministre, la capacité à se transformer que chacun a manifestée pendant la crise, et la manière dont vous avez su vous réinventer. Vous avez mené une action énergique, aussi bien concernant les masques que les vaccins. Les industriels de tous les secteurs que nous avons reçus ont souligné votre action, comme celle d'autres ministères, des services de l'État et des administrations, comme la direction générale de l'armement (DGA).

L'objectif de cette audition est d'abord, à mes yeux, de déterminer qui définit la stratégie visant à limiter la dépendance industrielle et comment cette stratégie est élaborée.

S'agissant de la base industrielle et technologique de défense (BITD), je sais que la DGA veille de manière exhaustive à tous les composants nécessaires à la fabrication, par exemple, d'un Rafale ou d'autres équipements critiques. Elle mène un travail complet de recensement : la plus petite PME critique qui connaît des difficultés est identifiée et un travail est engagé. Les dépendances sont connues et assumées.

Hors armement, comment s'effectue le référencement de tout ce qui peut être nécessaire pour renforcer la résilience de notre pays ? Comme cela est-il réalisé à l'échelle de votre ministère et, éventuellement, comment ce travail peut-il être mené au niveau interministériel ?

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