Nous avons également étudié ce qui se pratique au ministère de la défense pour un porte-avions. Le Charles de Gaulle a été mis en service il y a plus de vingt ans ; le prochain, le porte-avions de nouvelle génération, le sera dans quinze ans. Dans l'intervalle, il est impératif, pour maintenir la filière, que la DGA assure son animation, ne serait-ce que pour donner temporairement du travail à des entreprises au travers de plans de recherche.
J'ajouterai deux points que vous avez peu ou prou évoqués. Le premier est celui de la réversibilité des entreprises. Vous avez parlé de machines sous cocon et de la capacité d'adapter la production en cas de difficulté. Le second, qui me semble important et qui est peu abordé, est celui du lissage des commandes. Si je prends l'exemple de la filière nucléaire, la dernière centrale a été mise en service il y a plus de vingt ans. On engage à présent la remise en route des EPR. Le fait de devoir réapprendre des savoir-faire et former des soudeurs présente un coût supérieur à celui qu'aurait représenté l'entretien de ces compétences de base, si l'on avait construit des centrales dans les années 2005, 2010 ou 2015. Mais peu importe : quoi que l'on fasse, la résilience a un coût.
Il faut embarquer tout le monde dans la stratégie de la résilience parce que, in fine, ce sont les citoyens qui paient ce que nous décidons. Les acteurs locaux, les entreprises doivent être associés. Comment impliquer tout le monde dans cette stratégie ? Comment faire en sorte que chacun accepte d'en payer le coût ? Je rappelle qu'à l'issue de la crise du H1N1, nous avions tous compris la nécessité de stocker des masques mais que, quelques années après, nous avions déjà oublié. On oublie vite, c'est la condition humaine. Comment cultiver l'esprit de résilience ?