Intervention de Agnès Pannier-Runacher

Réunion du jeudi 18 novembre 2021 à 15h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie :

D'abord, au sein de la direction générale des entreprises, nous disposons de l'instrument assez puissant qu'est l'animation des dix-neuf filières industrielles. Cela nous permet de mettre à jour continûment nos connaissances des tendances des marchés, des risques que font courir les transformations technologiques et des enjeux justifiant la mobilisation des acteurs du privé dans le cadre de projets collectifs.

Ensuite, il me semble que, dans le cadre du plan France 2030, il y aurait une place pour une cellule prospective sur les ruptures technologiques, à l'image de ce qui est pratiqué au niveau européen par une organisation privée, le JEDI – Joint European Disruptive Initiative –, qui identifie les ruptures à venir grâce à des panels d'experts internationaux. C'est essentiel pour élever continûment le niveau des décideurs publics et pour fournir aux entreprises privées des connaissances qu'elles n'auraient pas nécessairement les moyens de se procurer.

Par ailleurs, on ne porte pas suffisamment le regard sur les conséquences et les angles morts des grandes transformations que nous menons. Par exemple, on a intuitivement l'idée qu'il faudra monter en compétences. Si ces dernières ont été mentionnées en matière de la formation à la culture de la résilience, elles ne l'ont pas été dans le cadre de la réflexion sur les grandes transformations. Pour construire l'industrie de demain, il faut se demander quelles compétences seront nécessaires pour développer une filière, mais aussi quelles nouvelles dépendances et nouveaux risques entraînera l'émergence de cette dernière. À titre d'exemple, la digitalisation de l'économie augmente les effets potentiels d'une cyberattaque, le développement du cloud accroît le risque de perte de la data souveraine, le développement de l'électrification des procédés amplifie le risque de se trouver en difficulté si on n'a pas une autre solution activable et disponible en cas de panne majeure, d'incident ou d'attaque terroriste.

C'est une culture qu'il faut développer, y compris dans les détails du quotidien. Si vous n'avez que des volets électriques, que se passe-t-il le jour où se produit une panne d'électricité dans une maison, comment échappez-vous à un incendie ? Il faut être capable de repenser la sobriété technologique comme une porte de sortie en cas d'attaque sur l'une des technologies dont nous sommes dépendants. En allant un cran plus loin, on peut aussi se poser la question des compétences de M. et Mme Tout-le-monde, de leur aptitude à avoir les bons réflexes, en cas de crise, dans un environnement qui s'est technologisé.

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