Intervention de Stéphane Bouillon

Réunion du mercredi 8 décembre 2021 à 17h00
Mission d'information sur la résilience nationale

Stéphane Bouillon, secrétaire général de la défense et la sécurité nationale :

L'Australie et la Nouvelle-Zélande se sont essayées, sans succès, à la stratégie « Zéro Covid » alors que ce sont des îles. La France est un pays complétement ouvert sur le continent européen et, de fait, sur le monde entier. Taïwan a réussi, mais c'est la seule exception – avec la Corée du Nord, selon ce qu'en disent ses dirigeants –, en raison de la très forte discipline de la population et de l'acceptation de contraintes égales à celles qui ont été imposées en Chine continentale, où la stratégie « Zéro Covid » est appliquée sans que l'on sache quel est le degré de justesse des statistiques publiées sur ce qui s'est passé. Une crise sanitaire se gère en trois étapes : tenter d'éviter qu'elle ne se propage ; si cela arrive, endiguer la propagation ; essayer de faire face. C'est la stratégie que nous avons appliquée, comme tous les pays du monde, avec plus ou moins de succès, et plutôt moins que plus même si nous avons constaté moins de décès qu'ailleurs.

Je ne crois pas à une stratégie conduisant un pays à se refermer complétement sur lui-même. C'est un appauvrissement spirituel pour une population de considérer que tous les autres sont dangereux et que si l'on peut vivre toutes frontières fermées, on s'en sortira et on sera heureux – et ce n'est pas vrai. Des camions doivent entrer pour approvisionner le pays en nourriture et en carburant et l'on ne va pas faire descendre les transporteurs routiers à la frontière pour en faire monter d'autres qui ne rouleront qu'en France. Cela ne se passerait pas ainsi et, au demeurant, cela entraînerait des coûts économiques, sociaux et sociétaux considérables. Si nous avons surmonté la crise, c'est surtout parce que nous avons travaillé avec nos partenaires européens pour produire ensemble des vaccins, pour définir des politiques coordonnées de restriction de circulation permettant de faire passer l'essentiel, pour faire face à divers types de situation. Si, demain, une crise cyber ou une crise alimentaire se déclenche, nous ferons la même chose avec nos partenaires européens et nous y travaillons. Pour moi, la stratégie « Zéro menace » tient de la politique de l'autruche ; les effets adverses induits en font une mauvaise solution, et une solution inefficace.

L'objectivité impose de reconnaître que, pour l'instant, le service national universel ne fonctionne pas très bien, précisément parce que la culture de la participation de chaque citoyen à l'action publique ne progresse pas en France. Notre pays a la grande chance d'avoir quelque 500 000 élus locaux. C'est une forme de citoyenneté et d'engagement au bénéfice de la chose publique. Ceux qui ne voient là qu'un coût sont des sots : c'est une richesse qui permet la stabilité démocratique et sociétale, et la solidarité. Amener sept ou neuf conseillers municipaux à réfléchir ensemble à l'avenir dans une petite commune, c'est une richesse fantastique. Si, de même, on peut amener par le service national universel des jeunes gens à juger qu'ils peuvent apporter quelque chose à la collectivité, on progressera, mais il faut beaucoup de force de persuasion pour convaincre nos concitoyens de ne pas être seulement consommateurs mais aussi acteurs. Je ne crois pas au retour du service national du passé, mais j'encouragerai volontiers au développement du service national universel volontaire. Il nous revient donc de démontrer son utilité en temps de crise.

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