J'ai eu grand intérêt à lire votre livre, tant comme citoyen que comme jeune député. Lorsqu'un élu local arrive à l'Assemblée nationale, il a parfois une vision préconçue du rôle du député et est rapidement mis face à la réalité de l'articulation des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif.
L'esprit révolutionnaire se méfiait du pouvoir personnel, d'où le nom d'« exécutif », qui désignait les exécutants, tandis que le pouvoir revenait à l'Assemblée. L'évolution sur le temps long a conduit à une reprise en main par l'exécutif, avec non seulement des pouvoirs de plus en plus forts mais également des moyens de plus en plus importants.
La résilience est un concept nouveau que n'avaient pas en tête les révolutionnaires. La France dépendait beaucoup moins des politiques publiques. Pourtant elle était sans doute bien plus résiliente en 1914 qu'elle ne l'est aujourd'hui. La défense globale et nationale est un concept ancien, qui peut montrer comment notre pays a pu évoluer dans sa capacité à faire face à des périls majeurs. Votre éclairage historique est intéressant pour réfléchir au lien entre la résilience et l'équilibre des pouvoirs. La capacité de prendre des décisions fortes rapidement est l'apanage de l'exécutif, mais l'acceptation sociale est nécessaire pour légitimer l'union de la nation vers un objectif commun. Vous nous avez décrit des évolutions du fonctionnement de la République. Comment ces évolutions se traduisent-elles dans la manière dont notre nation a fait face aux crises, de la nation en armes postrévolutionnaire au combat porté par les seuls militaires au début de la Première Guerre mondiale, et jusqu'à la reprise en main par les civils ?