Intervention de Nicolas Roussellier

Réunion du mercredi 15 décembre 2021 à 16h15
Mission d'information sur la résilience nationale

Nicolas Roussellier, chercheur au centre d'histoire de Sciences Po :

La transformation de l'exécutif est parallèle à la transformation des mass media. Le premier président du Conseil qui a voulu utiliser la radio est André Tardieu, en 1932. Il lui a été objecté qu'il s'agissait de la première marche vers la dictature. Sous la IVe République, la radio a été utilisée par les présidents du Conseil. La Ve République s'est quant à elle appuyée sur la télévision. Au XXIe siècle, la démocratie connaît une forme de laïcisation que les religions à Église, institutionnelles, ont expérimentée aux XIXe et XXe siècles. Cette perte de prestige suit la logique profonde de la démocratie d'être à la portée du peuple ; et ce peuple mouvementé s'exprime ! Le prestige dont pouvait jouir le maire ou le préfet sous la IIIe République relève moins de la tradition strictement démocratique. Autrefois, le maire n'était pas élu, il constituait un maillon de l'administration napoléonienne. Le prestige est un héritage de l'administration pensée comme détachée et séparée de l'élection. La Révolution française avait voulu installer l'élection à tous les étages, y compris pour les fonctionnaires et l'armée. La reconstruction napoléonienne a pensé la fonction publique comme une armée civile et l'a complètement séparée de l'élection. Le prestige en France est attaché à cet héritage. Faut-il le conserver ? Je pense que la logique de la démocratisation doit aller jusqu'à son terme. Je n'irais donc pas réellement dans votre sens. Je ne crois pas qu'il soit possible de sauver la capacité de résilience d'un régime par la restauration du prestige.

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