Intervention de Nicolas Roussellier

Réunion du mercredi 15 décembre 2021 à 16h15
Mission d'information sur la résilience nationale

Nicolas Roussellier, chercheur au centre d'histoire de Sciences Po :

Il me semble qu'une communication qui explique la différence des temporalités, par exemple sur la crise de l'hôpital, est efficace dans l'opinion publique. Il ne faut pas accorder trop d'importance à la dimension spectaculaire de la communication par tweets, où tout ce qui est modéré apparaît insignifiant. Je ne suis pas sûr que la population en soit réellement touchée. Le citoyen reçoit sans cesse des informations. Le discours de vérité, de raison, a toujours sa place. Il correspond à ce qu'entendent la plupart des citoyens dans leur univers professionnel. Il ne faut pas désespérer de cela. Je vois la source profonde de la crise dans l'écrasement par la démocratie exécutive de la capacité de législation. La crise de résultats dans l'enseignement, à laquelle la Cour des comptes a récemment consacré un rapport, est un sujet de longue date. Je pense que l'histoire pourra juger de manière sévère l'incapacité du Parlement à se saisir de cette question.

Plutôt que de proposer des politiques publiques qui segmentent la décision, il faut accepter qu'une grande loi nécessite quatre ou cinq de travail. La loi du régime des retraites en Suède a mis cinq ans à être co-construite par les démocrates et les conservateurs. La solennité et la force d'une grande loi, d'une grande législation, manquent à notre système actuel. La démocratie exécutive de la Ve République est pratiquement victime de son succès. Sa capacité opérationnelle en temps de crise marche plutôt bien. Le Parlement, étant par un de ses aspects le moyen de conforter le pouvoir exécutif, vote rapidement les décisions, ce qui évite de revenir au chaos du parlementarisme, mais rien ne l'empêche de se saisir de sa grande fonction de législation. L'opinion et le Président doivent accepter que le Parlement puisse mettre plusieurs années à décider d'une loi.

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