Ce chiffre ne correspond pas même aux décès d'une journée pendant la Première Guerre mondiale. Ce retour sur les deux traditions de défense de la nation est intéressant. Le général de Gaulle disait que la défense était la raison d'être de l'État. Une dérive s'observe dans l'ensemble des politiques publiques, que ce soit en matière d'éducation, de sécurité ou de propreté : puisque la population paie des impôts, l'État prend en charge toutes ces dimensions. Ce glissement a sans doute commencé par la défense, première des politiques publiques. Les nouveaux défis auxquels nous faisons face montrent les limites de ce système. Nous atteignons le maximum des dépenses collectives et un risque pèse sur la cohésion sociale du pays car les citoyens sont déresponsabilisés face à ce qui est un bien collectif. On pourrait, en commençant par la défense, envisager une nouvelle responsabilisation des citoyens sur les enjeux de politique publique. Cela me paraît nécessaire, malgré les difficultés d'acceptation que cela suscitera sans doute.
Nous vivons dans un monde plus dangereux et avons besoin de regagner en résilience. Mais la résilience peut coûter cher. Vous avez cité l'exemple de la dissuasion. Au regard de l'analyse géostratégique des risques et des menaces, quel est le bon niveau d'assurance pour la nation ? Selon vous, l'effort global de la nation pour être en mesure de faire face à une situation critique vous semble-t-il suffisamment bien dimensionné, s'agissant du budget de défense et des autres budgets ? Conviendrait-il de rehausser la part consentie par la nation pour cette assurance, en numéraire ou ressources humaines ?