Pendant la crise sanitaire du covid-19, les personnels soignants, dans nos hôpitaux, dans nos EHPAD mais aussi à domicile, ont été particulièrement sollicités. Ils ont fait preuve d'une organisation, d'une réactivité, d'un professionnalisme qu'il convient de saluer et qui ont forcé l'admiration des Français. La solidarité que l'on doit aujourd'hui témoigner à ces personnels ne doit pas se limiter à des applaudissements, à des mots généreux. C'est pourquoi ce texte vise à permettre aux salariés et aux agents publics disposant de jours de réduction du temps de travail et de jours de repos non pris de choisir d'en faire don aux professionnels de santé en première ligne pendant l'épidémie de covid-19.
Je souhaite toutefois formuler quelques remarques. Afin que les soignants puissent réellement bénéficier d'une telle disposition, le nombre de salariés qui donnent des jours de vacances doit être conséquent. Pouvez-vous estimer le seuil d'effectivité de cette mesure ? L'idée est peut-être généreuse mais le résultat peut bien aussi être maigre.
Pourquoi avoir choisi uniquement les chèques-vacances et non aussi, pourquoi pas, les chèques-repas, car tous les personnels ne partent pas en vacances ?
Pouvez-vous nous dire selon quels critères et à quelle valeur seront monétisés les jours donnés ? Comment l'entreprise sera-t-elle actrice ? Nous attendons des éclaircissements concrets sur l'application de cette proposition de loi, notamment sur le choix des personnes qui en bénéficieront – on voit déjà les difficultés que soulève le choix des départements dans le cadre du versement de la prime. Les hôpitaux, les EHPAD, voire des structures de maintien ou d'aide à domicile, seront-ils concernés ?
Si ce texte poursuit un objectif louable, son application manque peut-être de profondeur ; les demandes légitimes du personnel nécessitent à mon sens plus d'ambition. Je ne rejette pas votre proposition, car elle est généreuse et, comme le disait si bien Albert Camus, « la vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent » : invitons les Français à le faire, mais je crains que nous soyons déçus du résultat obtenu dans quelques semaines ou quelques mois.