Intervention de Bernard Perrut

Réunion du mercredi 3 juin 2020 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Perrut :

La proposition de résolution que nous examinons est intéressante : elle vise à faire apparaître les dysfonctionnements liés à la gestion de la crise du covid-19. Par la même occasion, elle met en lumière toute l'ampleur du travail parlementaire. Nous en sommes parfaitement conscients : dès le 4 mars, vingt députés Les Républicains avaient déposé une proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête afin d'évaluer la gestion de la pandémie et d'en tirer des enseignements, pour que notre stratégie soit plus efficace si une nouvelle pandémie venait à se déclarer.

Votre proposition de résolution intervient au moment où la mission d'information, qui poursuit ses travaux, vient d'être transformée en commission d'enquête. Par souci de cohérence, notre groupe ne peut donc l'adopter.

Il importe néanmoins de faire quelques constats. Nous pourrions évoquer l'impréparation matérielle et politique – le Gouvernement avait-il pris le danger au sérieux assez tôt ? Pour affronter la « guerre », déclarée par le Président de la République, les problèmes logistiques et administratifs n'ont pas manqué, entraînant un manque d'agilité de tous les professionnels de santé. Pendant des semaines, on nous a expliqué que la fermeture des frontières, le port du masque, la systématisation du dépistage étaient inutiles, voire contre-productifs. En outre, cette crise a révélé le manque de moyens alloués aux personnels de santé, le manque d'investissements de la France dans l'industrie médicale et pharmaceutique, sa dépendance aux autres pays pour se fournir en matériel, etc.

La commission d'enquête devra travailler sur ces constats – et non établir des responsabilités – afin d'en tirer le meilleur pour l'avenir et de nous permettre de prendre des mesures utiles à notre pays. Je pense à l'augmentation du nombre de lits de réanimation, à la mise en place d'hôpitaux de réserve, à l'équipement du personnel en matériel, en connaissances et en formation, à la constitution de stocks stratégiques de masques, de respirateurs, de médicaments.

Pour être plus efficace, notre stratégie doit être déclinée au niveau européen, afin d'améliorer la prévention du risque et de mettre en commun les ressources et les connaissances.

N'oublions pas non plus le suivi des autres pathologies et la poursuite des soins pour les autres patients. Pendant le confinement, nous aurions pu éviter des arrêts cardiaques et des morts.

Le chantier qui nous attend est important. Il nous amènera aussi à réfléchir à l'organisation territoriale de notre système de santé, actuellement centralisé et tentaculaire, qui n'est peut-être plus adaptée. Nous avons besoin de plus de souplesse et de réactivité. Lors de la crise, les établissements publics et privés, tout comme les professionnels de santé, ont su réagir, parfois en marge des règles habituelles, au service de la population.

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