Vous avancez une hypothèse de contribution de la France dans les quinze prochaines années, alors que rien ne permet de dire qu'elle serait plus forte, a fortiori s'agissant d'une dette remboursée à partir de 2037. Je vous mets au défi de dire quelle sera la contribution de la France au budget de l'Union européenne dans les années 2030 ! Pour la première fois, dans le cadre d'un emprunt mutualisé à l'échelle des Vingt‑sept, l'Europe s'implique dans les plans de relance nationaux. La France est un des pays qui reçoit la plus forte contribution, à la hauteur de la crise que nous avons rencontrée.
Il est légitime que les Français se demandent comment ce plan de relance va leur bénéficier. En réponse aux questions sur le soutien de la demande ou la relance de la consommation, je rappellerai que 21 milliards d'euros ont d'ores et déjà été mis sur la table pour les rémunérations de près de neuf millions de Français, au cœur de la crise. Si ce n'est pas du soutien au pouvoir d'achat, je ne sais pas ce que c'est ! Or nous constatons une hausse de l'épargne des Français, si bien que nous souhaitons les voir se remettre à consommer. Nous sommes un des pays qui a le mieux protégé le pouvoir d'achat de ses citoyens.
La question des contreparties est légitime. Si 100 milliards d'euros sont consacrés à l'emploi, c'est parce que, pour le volet emploi et compétences, vous pouvez bénéficier des aides prévues dès lors que vous embauchez et que vous défendez l'emploi. Pour les autres volets, nous serons attentifs à ce que des marchés comme ceux de la rénovation thermique ou des mobilités propres comportent bien des clauses d'insertion et d'embauche des apprentis et à ce que les secteurs ayant bénéficié de soutien dans le cadre du plan de relance ou précédemment indiquent les emplois qui ont été défendus puisque, par construction, nous avons aidé des secteurs qui rencontraient des difficultés. Dans les mois qui viennent, nous allons peut-être accepter que l'aéronautique ne maintienne pas la totalité des emplois. Notre objectif, c'est qu'elle en maintienne le maximum. Je rencontrerai régulièrement les représentants des branches, en particulier dans les secteurs fortement soutenus dans le cadre du plan de relance, pour m'assurer que le maximum d'emplois a été protégé.
Vous avez raison de rappeler que lorsque la situation économique se dégrade, les jeunes sont souvent les premières victimes. Cela ne s'est pas démenti lors de cette crise puisque, si le nombre des demandeurs d'emploi a augmenté de 6,5 %, il s'est accru de 15 % pour les 18‑25 ans. C'est pourquoi, dès le mois de juillet, nous avons présenté le plan Jeunes afin d'accueillir les jeunes qui vont se présenter sur le marché de l'emploi, sans oublier ceux qui sont d'ores et déjà dépourvus de formation ou d'activité.
Vous évoquiez la confiance envers le Gouvernement. Je ne sais pas si c'est vraiment le sujet. Il faut donner confiance aux jeunes dans l'avenir, et c'est bien le sens du plan de relance. Dans leur recherche d'emploi, ils accordent une grande importance à la mission de l'entreprise vers laquelle ils vont. Nous devons entendre cette demande de sens, et beaucoup de chefs d'entreprise l'entendent. C'est pourquoi, parmi les mesures du plan de relance et du plan Jeunes, nous avons souhaité développer les services civiques, car de nombreux jeunes veulent s'engager dans des missions d'intérêt commun. Je suis attentive à l'accompagnement de cette attente d'un travail qui a un sens. C'est un sujet dont nous reparlerons avec les partenaires sociaux.
S'agissant des fermetures d'écoles, je me suis mal fait comprendre. L'objectif prioritaire du Gouvernement, c'est que les parents puissent continuer à aller travailler et que soient mis en place des systèmes de garde. Je ne les décrirai pas depuis Paris, car le sujet renvoie à des initiatives locales. C'est grâce au dialogue entre le directeur ou la directrice d'école et la collectivité que peuvent être mis en place des systèmes adaptés. À défaut, il faudra prévoir un filet de sécurité pour les parents qui ne pourraient plus aller au travail.
Concernant la professionnalisation, sans me prononcer sur la réforme de l'éducation nationale, je soutiens l'apprentissage avec autant de conviction que ma prédécesseure. Il y a une diversité de talents. Certains jeunes ont plus d'appétit pour les savoirs académiques, d'autres ont envie de savoirs pratiques. Les jeunes doivent acquérir rapidement une expérience en entreprise. Le soutien à l'apprentissage permet à la fois de découvrir le monde professionnel et de se former aux métiers dont nos entreprises ont besoin. C'est une très bonne voie que nous continuerons à suivre.
L'inspection du travail a joué un rôle important dans la crise. Elle a réalisé plus de 45 000 interventions en entreprise, essentiellement dans un rôle d'accompagnement, au moment où nombre de chefs d'entreprise avaient besoin de conseils pour prendre les bonnes mesures sanitaires. Je veux rendre hommage aux inspecteurs du travail, qui ont été très mobilisés, ainsi qu'aux services du ministère du travail qui ont réussi la prouesse de passer d'un dispositif concernant quelques entreprises au déploiement massif de l'activité partielle.
Il est compliqué de débattre publiquement d'un cas personnel, s'agissant d'une sanction qui a fait l'objet d'une procédure contradictoire et dont la publication de la décision est strictement encadrée. En tout cas, je ne peux pas laisser dire qu'un inspecteur du travail serait sanctionné pour avoir voulu protéger la santé des salariés, car c'est faux !