Aujourd'hui, la France en compte 2,6 millions. L'enseignement supérieur a poursuivi sa massification, et c'est heureux, parce que cela a permis, hier comme aujourd'hui, à une pluralité de profils, de talents et d'origines de contribuer à la réussite de la France.
L'université est un lieu magnifique : un lieu d'histoire, où se succèdent chaque jour des recherches, des découvertes, des performances ; un lieu d'épanouissement intellectuel et culturel ; un lieu de rencontres, de vie en commun, de solidarité, d'engagements associatifs et sportifs.
Cette promesse d'épanouissement est-elle accessible à l'ensemble des jeunes Français ? À cette question, les chiffres répondent d'eux-mêmes : le taux d'échec est de 60 % en première année de licence ; 20 % des étudiants quittent chaque année l'enseignement supérieur sans diplôme. Ce sont autant de personnes qui ont perdu du temps, bien souvent leur motivation, et parfois la confiance en soi.
La très grande majorité des étudiants concernés ne l'est pas par le fruit du hasard, mais par déterminisme. Ce sont ceux qui ont été les moins armés pour réussir. Ceux qui n'ont pas le même bagage que les autres, le même capital social, culturel, familial, pour savoir comment s'orienter, où réussir et comment réussir.
Cet échec de masse ne plonge pas seulement les jeunes concernés dans l'incertitude et l'inconnu, mais il conduit nombre de bacheliers généraux à se tourner vers des filières courtes, les brevets de technicien supérieur – BTS – et les instituts universitaires de technologie – IUT – , qui, du fait de leur sélectivité, renvoient – à tort – une image de plus grande excellence. De ce fait, les bacheliers professionnels et technologiques, peinant à trouver des places disponibles au sein de ces filières, se tournent vers les licences générales, où leur taux d'échec oscille entre 95 et 98 %.
À cette dure réalité, il convient d'ajouter un autre échec : celui des pouvoirs publics, des gouvernements qui se sont succédé depuis deux décennies.