Intervention de élisabeth Borne

Réunion du mardi 8 septembre 2020 à 17h00
Commission des affaires sociales

élisabeth Borne, ministre :

Je suis consciente des situations difficiles existant dans les outre‑mer. Tous les dispositifs que j'ai mentionnés ont vocation à s'y appliquer, mais des dispositifs spécifiques comme le « projet initiative-jeune » viennent compléter la palette des solutions.

Pour moi, « 1 jeune, 1 solution » n'est pas un slogan. Il y a déjà eu des plans jeunes, mais celui-ci se distingue par son ambition : 6,7 milliards d'euros, ce n'est pas rien, c'est un triplement des financements dédiés à nos jeunes, dans une période inédite. Au risque de compliquer la visibilité, nous avons voulu mobiliser des solutions adaptées à la situation de chaque jeune. Vous avez mentionné les emplois-jeunes. Nous n'avons pas voulu faire un traitement massif, statistique, du chômage. Les emplois ont parfois été décevants quand ils ne débouchaient pas sur des parcours d'insertion professionnelle. Cependant, ce plan Jeunes prévoit une augmentation de 60 000 des emplois aidés destinés aux structures publiques, les contrats parcours emploi compétences (PEC), et de 60 000 contrats initiative emploi (CIE), destinés au secteur concurrentiel. Nous allons mobiliser cet outil, soucieux de garder la marque de fabrique du plan Jeunes et de cette majorité depuis le début du quinquennat, d'en faire un tremplin vers un emploi durable. Nous étudierons de façon plus approfondie dans les outre-mer la façon dont ces différents dispositifs seront mis en place.

Je prends connaissance du travail que vous avez accompli sur la santé au travail. La crise a montré à quel point c'était important. C'est même devenu un thème central du dialogue social en entreprise. Cela rend d'autant plus nécessaire l'aboutissement de la concertation engagée entre les partenaires sociaux en vue d'une organisation garantissant l'efficacité du dispositif et que chacun puisse en bénéficier. La politique de santé conduite depuis le début du quinquennat vise à insister sur la prévention, notamment de l'usure au travail, ce qui est lié aux réflexions qu'on peut mener sur la question des retraites. C'est un axe fort du Gouvernement. Je pense que les partenaires sociaux sont conscients que nous souhaitons nous saisir de ces sujets. Cela fait partie des thèmes sur lesquels une concertation tripartite pourra être engagée rapidement pour avancer sur le sujet majeur de la prévention de l'usure au travail.

J'en suis convaincue, la commande publique est un levier de soutien à l'insertion par l'activité économique. Nous y réfléchissons avec nos collègues du Gouvernement qui sont concernés. La proposition de loi en discussion peut être l'occasion d'introduire des dispositifs de nature à s'assurer de la présence de clauses d'insertion dans les marchés issus du plan de relance. Je n'y verrais que des avantages. Il est important de soutenir ce secteur, non seulement comme nous le faisons au travers du fonds d'accompagnement à la transformation des entreprises adaptées et du fonds de développement de l'inclusion, mais aussi de s'assurer qu'il y aura de l'activité pour ces entreprises, ce qui renvoie au sujet que vous pointez sur la commande publique.

Je ne pourrai répondre précisément sur l'aide à l'économie sociale et solidaire (ESS), qui relève directement d'Olivia Grégoire, mais beaucoup d'entreprise de l'ESS sont dans l'IAE. Les modes de soutien mis en place et les 300 millions d'euros du dispositif visent à consolider le modèle des entreprises fragilisées par la crise et à aider à se projeter dans l'avenir. Une partie des fonds est dédiée au soutien des projets qui pourront être présentés.

Nous en parlions ce matin avec Brigitte Klinkert, on a l'impression que l'information n'est pas parvenue à l'ensemble des structures de l'insertion par l'activité économique. Comme les délais sont courts pour mobiliser ces fonds, y compris pour répondre à l'appel à projets qui va débuter ce mois-ci, n'hésitez pas à faire connaître le dispositif dans vos territoires.

Dans la période que nous connaissons, il existe un risque de renforcement des discriminations à l'encontre de toutes les personnes qui en sont généralement victimes. Nous serons attentives, avec Sophie Cluzel, à l'insertion des personnes handicapées. Le fonds que je mentionnais bénéficie aux entreprises d'IAE et aux entreprises adaptées. Comme c'est le cas depuis le début du quinquennat, nous avons veillé à ce que toutes les mesures de soutien prévues dans le cadre du plan Jeunes s'appliquent aussi aux personnes handicapées, sans limite d'âge. Les 100 millions d'euros anticipés pour l'aide à l'embauche des travailleurs handicapés, sans limite d'âge, et l'aide de 4 000 euros s'appliqueront bien pour encourager l'embauche de travailleurs handicapés.

Je partage pleinement votre propos sur les besoins d'accompagnement des personnes âgées. Dans les formations prioritaires, on pointe souvent la transition écologique et la transition digitale, mais les besoins sont importants dans le secteur soins et santé. Avec Brigitte Bourguignon, je souhaite développer ces filières en soutenant des métiers attractifs et des parcours professionnels motivants.

On est loin d'avoir mesuré tous les effets positifs du télétravail. Bénéfique pour l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle, il présente aussi un intérêt pour l'équilibre du développement de nos territoires. La concentration de l'activité économique dans les métropoles a eu un effet d'entraînement négatif, dans la mesure où les couples dont les deux membres exercent des emplois qualifiés sont obligés de s'y implanter. C'est un cercle vicieux dont on peut sortir par le télétravail. Je crois à l'avantage des tiers lieux pour maintenir l'intérêt de la proximité et de ne pas passer sa vie à travailler chez soi. Il est parfois bon de distinguer le lieu de vie et le lieu de travail. Ces programmes sont de la responsabilité du ministère de la cohésion des territoires mais, dans le cadre du plan d'investissement dans les compétences, nous soutenons le développement des tiers lieux, par le biais des formations qui peuvent y être développées. Nous continuerons à soutenir conjointement le développement des tiers lieux qui peuvent être boostés par le télétravail.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.