Intervention de Gabriel Attal

Séance en hémicycle du mardi 12 décembre 2017 à 15h00
Orientation et réussite des étudiants — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Attal, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Les bacheliers de 2017 ont durement payé le prix de cet oubli. La plate-forme APB, qui constitua, lors de sa mise en place, un progrès pour l'affectation dans le supérieur, est ainsi devenue le support de la pratique la plus injuste et la plus arbitraire qui soit : le tirage au sort. J'ai rencontré cet été dans ma circonscription, à Issy-les-Moulineaux ou à Vanves, plusieurs familles dont les enfants avaient mûri un projet, parfois obtenu leur bac avec mention, et se sont retrouvés sans aucune solution, plongés dans le désarroi et l'inconnu.

C'est cette situation inacceptable qui a conduit le Président de la République à demander au Gouvernement de conduire une réforme tournée vers l'orientation et la réussite des étudiants dans le supérieur, avec une méthode qui est la marque de ce gouvernement et de cette majorité : la concertation, avec onze groupes de travail, cinquante-cinqréunions de l'ensemble des acteurs du supérieur et du secondaire, des centaines d'heures de travail. Vous êtes parvenue, madame la ministre, à donner à cette pluralité d'acteurs la capacité de s'exprimer, et je veux une nouvelle fois vous féliciter pour cette concertation remarquable.

Le rapport du recteur Filâtre a su rendre compte de la richesse de ces échanges. Le plan Étudiants que vous avez présenté le 30 octobre, madame la ministre, est directement issu de ces travaux. Il garantit aux jeunes que leur avenir ne sera plus déterminé par tirage au sort et par un algorithme, en remettant de l'humain dans le processus d'affectation. Il leur donne des outils nouveaux pour réussir, de leur orientation au lycée à la personnalisation de leur parcours dans le supérieur. Il permet des progrès solides, concrets, dans leur vie quotidienne, qu'il s'agisse de leur santé, de leur logement, de leur mobilité ou de leur pouvoir d'achat. En somme, il vise à redonner confiance à tous les jeunes qui entendent poursuivre leurs études dans le supérieur.

Le projet de loi relatif à l'orientation et à la réussite des étudiants, dont j'ai l'honneur d'être le rapporteur, constitue le socle législatif qui permettra à ce plan de se déployer. Pour préparer son examen, nous avons fait le choix d'anticiper. Un groupe de travail associant un représentant de chacun des groupes a été mis en place dès le lendemain de la présentation du plan, plusieurs semaines avant la transmission du projet de loi au Parlement. Je tiens à remercier chacun des participants.

Sans posture ni sectarisme, sans totem ni tabou, nous avons procédé à près d'une quarantaine d'auditions ou tables rondes, entendant près d'une centaine de personnes. Chacun des groupes a ainsi pu bénéficier du même niveau d'information et d'un accès égal aux différents acteurs concernés par la réforme pour préparer l'examen de ce texte.

Ces auditions, tout comme nos débats en commission, ont montré que nous partagions au moins deux grandes certitudes : il est nécessaire de sortir du tirage au sort, parce qu'il est injuste et arbitraire ; il faut faire plus et mieux pour l'information donnée aux lycéens, leur orientation puis leur accompagnement dans le supérieur. Nous savons que c'est entre bac – 3 et bac + 3 que tout se joue, et nous devons faire en sorte que le secondaire et le supérieur dialoguent, avec pour seul objectif la réussite des étudiants.

Certains affirment que le projet de loi masque une sélection qui ne dit pas son nom. D'autres, au contraire, regrettent que la majorité n'ait pas fait le choix de la sélection. Aux débats sémantiques, je préfère les faits.

Non, notre choix n'est pas de fermer les portes de l'université, bien au contraire.

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