Intervention de Gisèle Biémouret

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 17h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGisèle Biémouret :

Nous examinons aujourd'hui les crédits de la mission Solidarité, insertion et égalité des chances pour 2021, alors que de nouvelles annonces sur la pauvreté ont été faites par le Premier ministre il y a quelques jours et qu'un PLFR, comportant notamment des mesures en faveur des plus démunis, sera examiné en novembre. Cela rend difficilement lisible l'exercice qui nous réunit aujourd'hui, et consacre l'insuffisance des crédits qui y sont affectés.

Le taux de pauvreté ne cesse d'augmenter depuis 2017. Aux personnes en situation de pauvreté nous devons ajouter tous ceux qui ont basculé ou vont basculer dans la précarité en raison de la crise – leur nombre est estimé à 1 million, portant à plus de 10 millions le nombre de Français en situation de pauvreté.

La baisse des crédits du programme 304 pour 2021, même légère, est donc un mauvais signal. Pour nombre de nos concitoyens, l'urgence c'est leur capacité à payer leur loyer, à se nourrir, à se chauffer et à se soigner. Or les mesures de relance du Gouvernement ont oublié les personnes en situation de précarité, en ne prévoyant que peu de dispositions pour soutenir leur pouvoir d'achat. Le plan de relance du Gouvernement ne consacre ainsi que 0,8 % de ses crédits aux plus démunis, et les quelques aides ajoutées, toujours appréciables, resteront conjoncturelles alors que des mesures structurelles devaient être prises.

Devant les alertes de l'opposition et des associations, et face à une stratégie pauvreté en perte de vitesse, le Premier ministre a été obligé d'annoncer samedi de nouvelles mesures en faveur des plus précaires, pour plus de 700 millions d'euros. Certaines sont bienvenues, mais c'est toujours aussi peu comparé aux 100 milliards du plan de relance et aux 20 milliards de baisses d'impôts de production décidés pour les entreprises. Nous regrettons que le Gouvernement persiste dans son refus d'augmenter les minima sociaux, dont il fait le fil rouge de sa politique.

Lors de sa création, le revenu minimum d'insertion représentait 50 % du SMIC. Aujourd'hui, il n'en représente plus que 39 %, du fait de ses trop faibles valorisations. Refuser l'augmentation du RSA dans une période où de plus en plus de Français doivent y avoir recours pour survivre est incompréhensible. L'insertion par l'économie, proposée par le Gouvernement, est une des réponses, mais elle ne suffira pas à absorber la pauvreté car elle est à trop long terme. Les personnes précaires ont besoin de réponses immédiates. Le RUA, qui devait être le pan majeur de la lutte contre la pauvreté dans ce quinquennat, a d'ailleurs été repoussé aux calendes grecques.

Quand le nombre de bénéficiaires de l'aide alimentaire a bondi de 30 à 45 % selon les associations, les crédits d'aide alimentaire ont baissé de plus de 11 %. Ces fonds ont peut-être été affectés à d'autres dispositifs comme celui des tickets service, mais il faut reconnaître que, là encore, nous manquons de lisibilité.

De plus, le Gouvernement n'apporte toujours aucune réponse aux jeunes, qui ont été les premières victimes de la crise et seront les derniers à profiter de la reprise, à ces étudiants qui ont perdu le petit job qu'ils occupaient dans un bar ou un restaurant pour payer leur scolarité, à ces nouveaux diplômés qui ne trouvent aucune offre d'emploi, à ces jeunes précaires, qui ne trouvent plus de mission d'intérim.

Nous avons fait certaines propositions en faveur de ces jeunes depuis juin, que nous avons notamment présentées lundi, en séance publique, à l'occasion de l'examen du plan de relance ; vous les avez refusées. Le groupe Socialistes et apparentés plaide également depuis longtemps pour l'instauration d'un revenu de base, d'un minimum jeunesse, comme il existe un minimum vieillesse. À défaut d'ouvrir le RSA aux jeunes de 18 à 25 ans, madame la ministre chargée de l'autonomie, quelles mesures entendez-vous prendre pour soutenir durablement notre jeunesse ?

Enfin, madame la ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, quel sera le devenir de la plateforme Violences femmes info et du numéro d'appel 3919, fragilisés par l'annonce d'un marché public ?

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