Il est urgent qu'en France un oral d'école de commerce ne soit plus une récitation du catéchisme néolibéral et les sujets de maîtrise de philosophie des odes obligatoires à l'universalisme kantien. Tant que nous ne sortons pas notre système universitaire de cette véritable sclérose, qui sape les idées, la créativité et les parcours, nous serons condamnés à régresser.
Ce tabou de la politisation des parcours universitaires doit être levé avec force. À ce titre, je m'étonne que le Premier ministre n'ait pas daigné recevoir l'UNI – Union nationale inter-universitaire – , syndicat influent dans le monde universitaire. Peut-être ne veut-il pas répondre à l'inquiétude que les étudiants partagent dans le communiqué dont je fais lecture : le syndicat « dénonce la création d'une nouvelle usine à gaz administrative pour collecter cette taxe dont les fonds transiteront par les CROUS. Ces derniers seront en partie gérés par des associations étudiantes sans aucune garantie de transparence, ce qui fait courir un risque de clientélisme. »
Notons cependant quelques belles initiatives dans votre texte : l'article 5 constitue ainsi une avancée mais il nous faudra demeurer attentif aux décrets. Si la possibilité offerte aux étudiants de s'aguerrir à l'extérieur du cadre universitaire est une inclination intelligente, reste à voir comment les universités mettront en place des dispositifs.
La suppression du régime spécial de Sécurité sociale des étudiants sera une autre évolution. Je crois que nous avons tous croisé de ces étudiants perdus dans les couloirs des administrations cherchant à faire évoluer leur statut. Par ailleurs, les mutuelles étudiantes et leur coloration politique n'en finissaient pas d'idéologiser certaines aides. J'espère que la contribution unique prévue à l'article 4 permettra d'éviter cet écueil. Le développement de la maîtrise de la fécondité évoquée dans l'étude d'impact n'est pas très précis. Espérons que les intervenants dans ce domaine ne seront pas des associations idéologiques mais bien des personnels soignants soucieux du bien commun.
Une remarque encore sur l'un des axes de nos prochains travaux concernant le lien avec les familles. L'une des clefs du succès des universités privées est qu'elles affirment leur rôle d'auxiliaire de la famille sur un certain nombre de sujets et qu'elles savent associer dans les grands moments scolaires, voire dans les élaborations techniques, les parents des étudiants. Ce sont souvent eux qui assument financièrement et humainement l'entrée de leurs enfants dans la vie adulte. Créer un mur entre l'université et eux revient à nier des liens de solidarité naturelle qui ne peuvent que participer à l'orientation du choix des étudiants. À n'en pas douter, les parents connaissent mieux leur progéniture que tous les docteurs en science de la pédagogie et autres experts.
Si je reconnais les améliorations apportées par ce texte, j'en regrette les atermoiements, lesquels n'étaient vraiment pas nécessaires, et les lacunes malheureuses. Il fallait réformer le baccalauréat, il fallait renforcer largement l'autonomie des établissements, il fallait casser les monopoles des mutuelles politisées. Cela n'est pas fait.
C'est à la condition de lier de nouveau savoir et liberté que nous retrouverons notre rang. C'est ainsi que nous pourrons abandonner un système étatisé, par trop jacobin et bien trop administratif.