Intervention de Pr Alain Fischer

Réunion du mercredi 13 janvier 2021 à 15h00
Commission des affaires sociales

Pr Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale :

Comment disposer de davantage de vaccins face à la menace de reconfinement, laquelle n'est pas exclue avant que nous comptabilisions suffisamment de personnes vaccinées ? Vous exprimez vos inquiétudes quant à la présence du variant britannique à Marseille, mais il est également présent à Bagneux et dans toute la France, bien qu'en quantité relativement faible. Votre inquiétude est légitime et nationale. Des efforts colossaux sont fournis pour essayer de négocier à l'échelle européenne, voire nationale, afin d'avoir accès à des lots de vaccins plus importants. L'estimation un peu pessimiste faite voici quelques semaines de la capacité mondiale de production de vaccins covid en 2021 s'établissait à quatre milliards de doses, ce qui permet de vacciner un quart des habitants de la planète. Toutefois, Pfizer va ouvrir une nouvelle usine et j'espère que d'autres parviendront à faire de même. Cette estimation donne une idée de la tension à l'échelle mondiale et nul ne peut reprocher à d'autres pays de chercher à obtenir des vaccins.

L'accessibilité des pays pauvres au vaccin est un vrai problème. Des initiatives de l'Organisation mondiale de la santé visent à préserver une partie des vaccins à leur intention. L'oublier est une faute éthique et une erreur car si le virus y circule de façon importante, il reviendra chez nous. Il faut intégrer cette dimension, même si elle complexifie le paysage.

S'agissant de la notion d'emboîtement, l'idée est de commencer, dès lundi prochain, à vacciner les personnes âgées de plus de 75 ans. Nous n'attendrons pas que tous les résidents de maison de retraite, toutes les personnes âgées de plus de 75 ans et tous les malades les plus graves aient été vaccinés pour commencer à vacciner les personnes de plus de 65 ans. Le processus s'emboîtera progressivement selon un rythme qu'il conviendra de préciser en fonction de la cinétique de vaccination, mais il est hors de question d'attendre d'avoir « épuisé » une population pour passer à la suivante, faute de quoi nous perdrions en efficacité. Le but est d'optimiser les vaccins disponibles.

J'entends que le nombre de personnes dans votre ville ou votre région est relativement faible et j'en ignore la raison. Aujourd'hui, la région qui a le plus vacciné n'est pas l'Île-de-France, mais la Normandie. Les Normands sont-ils mieux organisés ou ont-ils bénéficié de davantage de livraisons ? Je l'ignore. Je peux essayer de regarder, mais vous pouvez certainement interroger votre ARS, laquelle doit être en mesure de vous apporter des explications sur le nombre de doses et l'ouverture des centres dans votre région. Il est évident que quelques différences subsisteront d'une région à l'autre, mais il n'y a pas de raison que la vôtre soit plus maltraitée que d'autres. La région qui dispose le moins de vaccins est la Corse.

Le ministre a décidé de réserver les doses de vaccin Moderna aux régions où le virus circule le plus actuellement en France, soit à l'Est.

S'agissant des populations précaires, il est prévu de vacciner prioritairement dans les foyers de migrants. La question des SDF, des précaires et des populations fragiles est importante. Leur vaccination est prévue en tant que priorité n° 4 par la HAS, soit dans quelques mois en fonction des capacités de vaccination, ce qui peut constituer un objet de réflexion pour notre conseil. La question est double, à savoir quand et comment, le « comment » étant plus compliqué. Il faut parvenir à toucher ces populations au travers de centres de proximité et d'unités mobiles. Les organisations non gouvernementales aideront sans doute à ces vaccinations, mais il s'agit d'un vrai sujet.

La question de M. Bazin revient sur la lenteur et la peur d'une iniquité territoriale avec une vaccination à deux vitesses. Si j'ai bien compris, la vaccination des plus de 75 ans commence à Nancy et pas à quelques kilomètres alentour, ce qui ne doit pas être. Normalement, la vaccination des personnes de plus de 75 ans débutera le 18 janvier avec la possibilité de s'inscrire à partir du 14, date à laquelle seront mis en place un numéro de téléphone et une plateforme Internet. La Caisse nationale de l'assurance maladie (CNAM) contribuera au travers d'envois de courriers pour inscription. En principe, ce système doit permettre à toute personne d'avoir accès au vaccin où qu'elle habite. Les cinq millions de personnes âgées de plus de 75 ans ne seront pas vaccinées lundi, mais il n'y a pas de raison qu'il y ait une inégalité d'accès.

Je retiens votre idée concernant les militaires partant en mission. J'ignore si vous en avez fait part à M. Véran, mais je la ferai remonter.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.