Intervention de Adrien Quatennens

Réunion du mardi 2 février 2021 à 17h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Alors que la France, sixième puissance économique du monde, connaît actuellement un record de pauvreté jamais atteint depuis la Seconde Guerre mondiale, il est un séparatisme dont nous ne parlons jamais, dont nous ne pouvons d'ailleurs pas débattre dans l'examen du projet de loi renforçant les principes républicains : le séparatisme social.

Souvent, lorsque nous parlons de richesse et de pauvreté en France, nous entendons des réactions assez convenues du genre « je n'ai pas de problème avec le fait qu'il existe des riches mais c'est insupportable de voir autant de pauvres ». Pourtant, la pauvreté ne tombe ni du ciel ni de l'épidémie. Madame, vous qui êtes déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, vous n'ignorez pas le lien direct entre la concentration de richesses entre quelques mains et l'extension de la pauvreté.

Nous comptons 10 millions de pauvres en France, 4,1 millions de mal logés, 300 000 personnes sans abri. Avant même la crise de la covid, un jeune sur cinq vivait déjà sous le seuil de pauvreté en France.

Toutefois, vous le savez, ce n'est pas la crise pour tout le monde. Dans le même temps, les milliardaires français viennent d'engranger 175 milliards d'euros en 2020, soit deux fois le budget de l'hôpital public. En France, sept personnes possèdent autant que les 30 % les plus pauvres et les 10 % les plus riches possèdent 50 % des richesses. À titre d'exemple, l'organisation non gouvernementale Oxfam propose cette comparaison édifiante : si quelqu'un avait pu économiser l'équivalent de 8 000 euros par jour depuis la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, il n'arriverait aujourd'hui qu'à 1 % de la fortune de Bernard Arnault.

Il y a urgence à partager désormais les richesses produites qui sont le fruit du travail humain. Si une petite poignée accapare tout le gâteau, il ne reste de fait que des miettes pour le plus grand nombre car la richesse est un stock.

Voici trois propositions urgentes sur lesquelles je souhaite recueillir votre avis : étendre sans plus attendre le RSA aux jeunes de moins de 25 ans, dont nous voyons qu'ils sont de plus en plus nombreux à gonfler les files d'attente des banques alimentaires ; rehausser les minima sociaux afin que personne ne vive en France sous le seuil de pauvreté ; étendre la gratuité dans les transports mais aussi pour les premières quantités de ces biens communs que sont l'eau, l'électricité et le gaz.

Pour financer ces mesures, il suffirait de revenir sur toute une série de cadeaux aux plus riches réalisés depuis le début de ce quinquennat et d'envisager une contribution exceptionnelle face à la pandémie, comme beaucoup le réclament.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.