Le secteur des EHPAD est confronté à une crise majeure qui éprouve l'ensemble de notre système de santé. Malgré un contexte dégradé dans le secteur médico-social, que de nombreux rapports remis au Gouvernement ont souligné, les professionnels ont fait face, et continuent à faire face, à cette crise.
Les EHPAD qui disposaient d'un socle minimum de médicalisation – présence de médecins salariés, d'une expertise pharmaceutique, d'une permanence de soins infirmiers nuit et jour – et de liens solides avec le secteur sanitaire, car par exemple inscrits dans une filière gériatrique, ont pu mieux résister à la crise car ils se sont appuyés sur cette expertise et sur les dispositifs hospitaliers. Il faudra bien sûr en tirer les conséquences dans la réflexion sur l'évolution souhaitée du modèle des EHPAD.
La FHF salue l'engagement des pouvoirs publics et le soutien financier apporté aux EHPAD au titre de la crise, qui a représenté plus de 2 milliards d'euros. Mais je soulève un point d'alerte sur le caractère incomplet et partiel de ces dispositifs pour 2020 – à ce jour, les périodes entre les deux états d'urgence sanitaire ne sont pas compensées – ainsi que sur la nécessité de poursuivre ce soutien en 2021 car la crise n'est pas terminée. Il n'est pas possible que les EHPAD subissent une double peine : celle de l'épidémie, prise de plein fouet, et celle des difficultés financières qui en découlent et qui pourraient les condamner à terme.
La vaccination est une chance, qui devient réalité dans les EHPAD – on ne peut que s'en féliciter. Je souhaite rappeler l'importance majeure de la vaccination des plus vulnérables – les résidents en EHPAD et en unités de soins longue durée – et la nécessaire vigilance qu'il convient d'adopter dans le suivi de la couverture vaccinale maximum au sein de ces établissements.
En cette période, la tentation a été forte de remettre en cause le travail réalisé par les agences régionales de santé (ARS). Si leur organisation est perfectible – notamment en les rapprochant du terrain et en renforçant leur échelon départemental –, il faut tordre le cou aux idées reçues : les ARS ont été présentes. Je tiens à votre disposition les résultats d'une enquête flash menée par la FHF auprès de ses adhérents à l'été 2020, qui illustrent la réalité du soutien apporté par les ARS aux EHPAD.
Enfin, je rappelle que les efforts consentis par les professionnels des EHPAD vont laisser des traces. Les signes d'épuisement sont évidents. La FHF réaffirme le besoin criant d'emplois supplémentaires dans les EHPAD, qui doit se traduire concrètement et à court terme par des engagements financiers pluriannuels. Nous avons demandé une augmentation globale de 25 % des effectifs des EHPAD avec un plan pluriannuel de recrutement sur cinq ans, ce qui représente plus de 20 000 postes par an. Cela correspond à une augmentation de trois postes par an pour un EHPAD de cent lits. Cela constitue un véritable motif de relance économique et sociale, ainsi que l'occasion de susciter des vocations auprès des jeunes et des personnes en reconversion professionnelle.