Intervention de Florence Arnaiz-Maumé

Réunion du mercredi 3 février 2021 à 9h30
Commission des affaires sociales

Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (SYNERPA) :

Nous allons bientôt fêter l'anniversaire d'un an de la crise du covid dans les EHPAD. Après un an, il nous apparaît que toutes les fois où nous pensions être potentiellement libérés de l'attaque du virus, comme en mai, en août ou en septembre, il n'en a malheureusement rien été. En ce début 2021, nous sommes à la fois heureux de l'arrivée du vaccin et désabusés dans la préparation de la potentielle troisième vague épidémique.

Depuis un an, je fais face à un épuisement des professionnels que nous représentons. À un épuisement dû au covid s'ajoute un épuisement lié aux communications erratiques et permanentes du Gouvernement. On n'en peut plus. Je le dis à la représentation nationale aussi clairement que je le pense : on n'en peut plus. On n'en peut plus d'écouter chaque jour, toute affaire cessante, une conférence de presse qui ne nous apprend rien. Il en va de même pour les EHPAD : nous recevons en moyenne un nouveau protocole toutes les vingt-quatre heures. Cette situation devient ingérable. Nous avons reçu il y a une semaine un protocole recommandant de distancier les résidents de 2 mètres ; nous attendons le prochain protocole qui arrivera dans dix jours et nous demandera de mettre en place une distanciation de 2 mètres 50. Je suis désolée de commencer mon propos de façon aussi abrupte, mais cette communication permanente est épuisante. À notre sens, après un an, il conviendrait de réfléchir non pas au monde d'après, ni d'avant, mais d'avec. Cela fait maintenant douze mois que nous ne savons plus comment faire, y compris avec les familles, qui réclament la possibilité de rendre visite une fois de temps en temps à leurs parents en chambre. Nous pensons qu'il faut aujourd'hui stopper la communication gouvernementale permanente, avec le « nez dans le guidon », qui s'appuie sur le nombre de morts, le nombre de lits, le nombre de places en réanimation. Cette façon de procéder va tous nous faire perdre la tête.

À notre sens, il faut prendre de la hauteur. Le covid nous a frappés. Avec les variants, il risque de nous frapper durablement. Pensons avec agilité au nombre de places d'hébergement sanitaire disponibles et à la restructuration qu'il faudra organiser dans les trois ans en contexte de covid ; il en va de même pour les places de réanimation ou les places de psychiatrie pour gérer les ravages que va générer la crise.

Les variants nous mettent en difficulté en matière de séquençage. Après l'échec des masques, l'échec des tests, l'échec partiel de la vaccination, nous voilà face à l'échec du séquençage. Nous nous rendons compte que nous ne savons pas séquencer, donc nous ne savons pas détecter de variant. Un nouveau variant pourrait demain provenir de chaque pays, de toute façon, nous ne savons pas le chercher. Il faudrait à chaque fois avoir deux coups d'avance pour sortir de cette crise, et nous avons un coup de retard. Les professionnels que je représente ont du mal. Nous devons reprendre une réflexion plus large.

S'agissant des protections, le débat s'ouvre à nouveau sur le masque avec l'arrivée du variant anglais. On nous explique pourtant depuis douze mois que les réelles protections sanitaires sont le masque FFP2 et le masque chirurgical. Cela fait douze mois également que nous attendons les tests salivaires. Certains pays européens n'ont conduit que des tests salivaires depuis le début de la crise. En France, nous les attendons encore.

Je conclurai par la vaccination. Depuis le début de la crise, nous nous retrouvons face au mur et soudainement, nous nous en sortons. Il en va de même pour la vaccination. Nous avons été alertés le 15 décembre. Nous sommes en lien permanent avec les pouvoirs publics et pourtant, c'est le 7 décembre que pour la première fois le terme de vaccination a été prononcé auprès des professionnels du grand âge. Le 7 décembre, la question posée était alors : que fait-on pour la vaccination ? Il a fallu deux ou trois semaines pour que les EHPAD se mettent en action, tout en assurant la libéralisation et l'élargissement des visites pour les fêtes de fin d'année. Cela a constitué une double dose de bonheur au moment des fêtes.

Nous avons tenu ce pari, puisque nous connaissons la troisième semaine de livraison de vaccins et la vaccination en EHPAD fonctionne vraiment très bien. Après les premiers couacs calendaires en début de mois, les trois dernières semaines sont une réussite. La réussite est telle que nous sommes tristes que le SYNERPA n'ait pas été écouté en première intention et que la vaccination n'ait pas été ouverte à tous les salariés des EHPAD. Maintenant que les résidents sont vaccinés, il va encore falloir vacciner les salariés – la vaccination n'est donc pas terminée dans les EHPAD.

Le grand désespoir de notre champ est le domicile, qui a été laissé à l'abandon. Les milliers de professionnels du domicile n'ont pas reçu de prime ; qui plus est, on leur demande de financer les masques, les sur-blouses et les sur-chaussures pour effectuer leurs visites. J'en finirai là car il serait trop long d'expliquer à quel point le domicile va mourir de sa belle mort dans peu de temps si rien n'est fait.

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